Une phrase lâchée en coulisses, captée par les réseaux sociaux, et aussitôt élevée au rang de symbole. Les propos tenus par Brigitte Macron, le 7 décembre dernier, à l’issue du spectacle d’Ary Abittan aux Folies-Bergère, ont déclenché une vive controverse, révélant une fois de plus la porosité entre mots privés et résonance publique.
La veille, la représentation de l’humoriste avait été interrompue par quatre militantes du collectif féministe #NousToutes, masquées et arborant l’inscription « violeur ». En loges, la première dame, cherchant à réconforter l’artiste, avait alors lancé :
« S’il y a des sales connes, on va les foutre dehors. Surtout des bandits masqués. »
L’extrait, largement relayé, a immédiatement suscité l’indignation dans les cercles féministes, mais aussi une réaction culturelle plus subtile : celle du retournement symbolique. Les mots de Brigitte Macron sont devenus, par un effet de renversement désormais familier aux luttes contemporaines, un mot d’ordre revendiqué.
Ainsi est né le hashtag #JeSuisUneSaleConne, clin d’œil assumé aux slogans fédérateurs de la décennie passée. Très vite, le monde artistique s’en est emparé. Marion Cotillard a ouvert le bal sur Instagram :
« Je suis une sale conne et je suis fière de l’être », a-t-elle écrit, accompagnant son message de la chanson Conne de Brigitte Fontaine. La publication, massivement relayée, a trouvé écho auprès d’Angèle, Camélia Jordana, Judith Chemla, Élodie Frégé, Céline Sallette ou encore Caroline de Maigret.
Cette dernière a partagé l’affiche du collectif Nous Toutes, tandis que Judith Godrèche, Romane Bohringer ou Rachida Brakni ont, chacune à leur manière, revendiqué cette identité retournée. Clara Luciani, plus ironique, a opté pour un humour feutré : « D’humeur sale conne, et vous ? » Quant à l’écrivaine Marie Darrieussecq, elle a interpellé directement Brigitte Macron, soulignant le poids politique des mots, surtout lorsqu’ils émanent d’une figure institutionnelle.
Au-delà de la polémique, l’épisode révèle une constante : la capacité du féminisme contemporain à transformer l’injure en étendard, à faire d’une formule maladroite un lieu de ralliement, et à rappeler que le langage, plus que jamais, demeure un champ de bataille culturel.
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