À la veille de la grève nationale de ce jeudi 18 septembre, les conversations de café du matin n’ont plus pour sujet le temps qu’il fait ni même les derniers sondages politiques : elles tournent autour d’une question infiniment plus prosaïque, mais vitale — comment diable va-t-on aller travailler ?
Dans un hôtel parisien, Marie-Noëlle, technicienne de surface, a déjà trouvé la solution : dormir chez une amie pour éviter le RER et ses incertitudes. Elle résume d’un ton las ce que ressentent beaucoup d’actifs : «Ça va être l’enfer. On va se débrouiller, quoi.» Le pragmatisme de la France laborieuse se heurte, une fois encore, aux grands élans syndicaux.
À l’autre bout du spectre social, l’étudiant parisien en médecine s’amuse de la situation : «Vélib’ ne fait pas grève !» plaisante-t-il, ravi d’avoir trouvé une monture à deux roues pour sauver sa journée de cours. D’autres préfèreront marcher, invoquant à demi-mot la douce tentation de «sécher» — clin d’œil générationnel à une époque où la rue et les bancs de l’université ont toujours entretenu une relation ambiguë.
Les cadres, eux, n’ont pas attendu pour décréter leur petite révolution silencieuse : le télétravail, ce luxe bourgeois devenu norme post-Covid, revient en grâce. «Plus simple, moins prise de tête», explique depuis Montpellier un manager qui a même conseillé à son équipe d’en faire autant. Ici, la grève devient presque un prétexte raffiné pour «rester chez soi, ordinateur ouvert et tasse de café à portée de main».
Et puis, il y a les indécis, tel William d’Asnières-sur-Seine, qui guette les préavis comme on consulte la météo avant un week-end à Deauville. Faut-il braver la paralysie annoncée pour rejoindre son bureau parisien, ou s’offrir le luxe discret d’une journée à domicile ? Là encore, chacun «adaptera» son organisation.
La grève, en France, n’est pas seulement une affaire syndicale : c’est un rituel collectif, presque anthropologique. Elle nous oblige à repenser nos mobilités, à tester nos résistances et à éprouver nos nerfs. Un théâtre social où se côtoient résignation, ironie et improvisation.
En somme, la France n’avance pas… mais avance autrement. À pied, à vélo, ou depuis le salon.
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