Wladislaw Kosiniak-Kamysz, vice-premier ministre et ministre de la Défense nationale de la Pologne, alerte sur une réalité géopolitique qui interpelle bien au-delà des frontières polonaises. « Nous sommes sous pression constante depuis plus de quatre ans », affirme-t-il, évoquant la situation à la frontière polono-biélorusse. Un flux migratoire, précise-t-il, « artificiellement créé », qui n’a rien de naturel et qui se déploie comme un instrument de guerre hybride visant la Pologne et, par extension, l’Europe.
La mobilisation sur le terrain est impressionnante : plus de 5 000 soldats, 3 000 policiers et 3 000 gardes-frontières veillent à la sécurité nationale, faisant face à des agressions directes de migrants et d’éléments biélorusses. « C’est indubitablement une opération hybride de la Russie », dénonce le ministre, rappelant que cette confrontation ne se limite pas à la frontière : sabotages, brouillages GPS en mer Baltique et campagnes de désinformation visent à miner le moral des Polonais et à fragiliser leurs alliances, notamment avec l’Ukraine.
Le ministre souligne également les violations de l’espace aérien polonais, rappelant l’intrusion récente de drones début septembre. Chaque scénario, insiste-t-il, doit être envisagé, jusqu’à la possibilité d’un conflit direct impliquant l’Otan.
L’objectif de Moscou, selon Kosiniak-Kamysz, est triple : diviser la société polonaise, fragiliser l’unité occidentale et détériorer les relations polono-ukrainiennes. La Pologne, précise-t-il, joue un rôle stratégique dans le soutien militaire à l’Ukraine et se trouve ainsi au cœur des ambitions russes. « Chaque jour de combat des Ukrainiens est un jour supplémentaire donné à l’Europe pour se préparer », explique-t-il, soulignant l’importance de la continuité du soutien polonais, indépendamment des alternances politiques.
Mais l’histoire n’est pas exempte de tensions internes. Le ministre met en garde contre la montée du populisme et des sentiments anti-ukrainiens, qui pourraient compromettre la sécurité collective. « Être aujourd’hui en opposition aux Ukrainiens, c’est œuvrer contre la construction de notre sécurité commune », avertit-il. Le choix, selon lui, est clair : sacrifier un présent confortable pour assurer un avenir sûr.
Dans ce contexte, la Pologne s’affirme comme un avant-poste européen, où se joue, chaque jour, la solidité de l’alliance occidentale. Le pays, confronté à une guerre hybride et protéiforme, offre une leçon de réalisme et de résilience : la sécurité ne se négocie pas sur l’émotion, mais sur la constance et la stratégie d’État.
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