Le groupe TotalEnergies, sous la direction de Patrick Pouyanné, estime s’être affaibli en quittant progressivement le secteur pétrolier russe. Alors que l’entreprise a dû se conformer aux sanctions occidentales suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, elle subit les conséquences économiques de ce retrait et s’interroge désormais sur l’impact des nouvelles restrictions européennes visant au gaz naturel liquéfié (GNL) russe.
Le contexte et les enjeux du retrait
Avant 2022, TotalEnergies détenait d’importantes participations en Russie : 19,4 % de Novatek et 20 % du projet Yamal LNG notamment. Le groupe a indiqué que les dividendes attendus, de l’ordre de 1,5 à 2 milliards de dollars par an, restent bloqués en Russie en raison des sanctions. Reuters
En décembre 2022, le groupe annonce le retrait de ses représentants du conseil d’administration de Novatek, et une dépréciation d’environ 3,5 milliards d’euros sur ses actifs russes. Le Monde.fr+1
Pour Pouyanné, quitter le pétrole russe est un choix conforme à l’éthique et aux obligations de conformité ; mais c’est aussi une perte compétitive, dans un contexte où la Russie agit sur le marché de l’énergie pour réduire les volumes et renforcer les prix. euronews
Les effets économiques immédiats
Le retrait du pétrole russe a deux effets clairs :
- Un manque à gagner financier : les revenus de Russie sont bloqués ou abandonnés, ce qui pèse sur les résultats à court terme du groupe.
- Une vulnérabilité accrue : en quittant rapidement certains marchés russes, TotalEnergies a dû redéployer ses ressources, ce qui coïncide avec un contexte mondial incertain : fluctuations des prix du GNL, tensions géopolitiques, concurrence accrue. Par exemple, l’interdiction potentielle par l’Union européenne du GNL russe après 2027 pourrait encore complexifier son modèle. TotalEnergies.com+1
Analyse stratégique : valider ou critiquer ce retrait ?
Avantages stratégiques
- Le retrait renforce la réputation de conformité de TotalEnergies auprès des autorités européennes et des investisseurs sensibles aux questions ESG (environnement, social, gouvernance).
- Il permet au groupe de réorienter ses investissements vers des zones moins risquées géopolitiquement, notamment aux États-Unis, au Moyen-Orient et dans les renouvelables. Reuters+1
Inconvénients et risques
- Le coût d’opportunité est lourd : un désengagement partiel ou tardif de la Russie peut réduire la flexibilité opérationnelle et augmenter les coûts marginaux.
- Le marché russe de l’énergie ne disparaît pas : la Russie peut rediriger ses hydrocarbures vers d’autres clients, ce qui crée un marché gris et des déséquilibres que TotalEnergies doit gérer. euronews
- L’incertitude réglementaire européenne sur le GNL russe rend difficile la planification de long terme, notamment en matière de capacités et d’approvisionnement.
Vers quelle stratégie de sortie ou de redéploiement ?
TotalEnergies présente une trajectoire claire : réduire progressivement l’exposition aux hydrocarbures russes tout en augmentant ses capacités dans le GNL, le gaz et les renouvelables. Le plan « Strategy & Outlook » 2025 du groupe souligne que la diversification et la résilience sont désormais des piliers. TotalEnergies.com
Le groupe devra cependant :
- surveiller la mise en œuvre des sanctions européennes (notamment pour le GNL russe) et ajuster ses contrats en conséquence ;
- sécuriser de nouveaux marchés d’exportation et partenariats pour compenser les revenus perdus ;
- assurer une gestion rigoureuse de ses coûts et investissements pour maintenir sa compétitivité.
Conclusion
TotalEnergies paye le prix de sa rupture avec le pétrole russe : ce choix, mû par des impératifs stratégiques et éthiques, pèse désormais sur sa performance économique. Mais à long terme, il peut constituer une opportunité : celle de redéfinir le modèle énergétique du groupe dans un monde où la géopolitique de l’énergie évolue rapidement. Le véritable défi sera de transformer cette logique de sortie en une dynamique de renouvellement profitable et durable.
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