L’histoire militaire entre dans une nouvelle ère. Après les chars, les missiles et les guerres asymétriques, voici la bataille des ombres : drones invisibles, attaques numériques, technologies hybrides où l’homme se retire peu à peu pour laisser place à la machine. La récente tentative d’attaque contre l’avion de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, illustre cette bascule. Un attentat qui, il y a encore vingt ans, aurait nécessité des moyens colossaux, peut désormais être ourdi à distance, via quelques lignes de code et un essaim de drones bon marché.
Les États-Unis et le Royaume-Uni viennent d’annoncer un contrat de coopération technologique sans précédent. Objectif : unir leurs forces dans la cybersécurité et la maîtrise des systèmes autonomes, afin de protéger non seulement leurs infrastructures critiques, mais aussi leurs élites politiques. C’est l’aveu implicite que la guerre n’est plus seulement une affaire de champs de bataille, mais qu’elle se joue dans les airs et dans les réseaux, sur un théâtre invisible au citoyen.
Mais cette nouvelle technologie porte en elle sa propre ambiguïté. L’arme qui protège peut aussi menacer. Les drones, faciles à déployer, bon marché et difficilement traçables, ouvrent la voie à une conflictualité diffuse, où n’importe quel acteur non-étatique peut prétendre peser. De même, la cyberattaque, par nature clandestine, rend floue la frontière entre paix et guerre. Comment réagir face à une attaque qui ne dit pas son nom, dont l’auteur reste caché et dont les effets se propagent instantanément ?
La question n’est plus de savoir si cette technologie est dangereuse, mais plutôt pour qui elle l’est. Les grandes puissances espèrent y trouver une supériorité stratégique. Mais en abaissant le coût et la complexité de l’attaque, elles ouvrent la porte à une dissémination sans précédent. Comme toujours, l’innovation militaire porte en elle une promesse et une menace : celle d’une guerre qui, demain, pourra se jouer sans armée, sans front, mais avec un danger omniprésent, silencieux, et peut-être plus difficile à contenir que la violence d’hier.
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