L’année 2025 marque un tournant dramatique pour l’Afghanistan. Alors que le pays lutte déjà contre les conséquences d’une crise prolongée depuis la reprise du pouvoir par les Talibans, un nouveau fléau menace son tissu social : le tarissement brutal de l’aide étrangère. Ce recul, amorcé par les États-Unis, le Royaume-Uni et plusieurs pays européens, risque de précipiter des millions d’Afghans dans une spirale de pauvreté et d’instabilité.
L’aide étrangère : une bouée de sauvetage arrachée
Depuis plus de deux décennies, l’aide internationale a représenté bien plus qu’un simple soutien logistique pour l’Afghanistan. Elle a permis de garantir un accès minimal à la nourriture, à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation et à l’emploi. Elle a également soutenu des programmes de résilience climatique dans un pays de plus en plus exposé aux sécheresses et aux inondations. Pour beaucoup, cette aide était la seule ligne de défense contre la faim et la désespérance.
Le choc du désengagement occidental
En janvier 2025, les États-Unis ont signé l’arrêt quasi-total de leur assistance humanitaire, entraînant la fermeture de l’agence USAID. Le Royaume-Uni a réduit son budget d’aide à 0,3 % du revenu national brut. La France, l’Allemagne et la Suède ont suivi, réduisant leurs engagements. Le résultat est sans appel : selon l’Inspection générale américaine pour la reconstruction de l’Afghanistan, 1,8 milliard de dollars d’aides promises ne seront finalement jamais versés. Rien que pour les États-Unis, cela représente la perte de 765 millions de dollars d’aide humanitaire et d’un milliard pour les services de base.
Des conséquences immédiates sur les plus vulnérables
Les premières victimes de ce retrait sont les populations les plus fragiles. Les femmes, déjà privées de nombre de leurs droits, voient disparaître les rares services qui leur étaient accessibles. Les enfants, privés d’école et de vaccins, sont exposés à une malnutrition galopante. Les hôpitaux ferment ou fonctionnent sans médicaments. L’économie informelle, qui dépendait du flux de devises apportées par l’aide, est à l’agonie. Le Programme Alimentaire Mondial et d’autres ONG constatent une demande d’urgence bien supérieure aux capacités restantes.
Un exode humain aux portes du pays
Face à cette crise, l’Afghanistan risque de devenir à nouveau un pays de départ massif. Après des années de retours progressifs de réfugiés, notamment du Pakistan, les départs s’accélèrent. La fin du soutien occidental signifie aussi la fin d’un semblant de stabilité, poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir. Le spectre d’une nouvelle vague migratoire se profile, avec toutes les tensions régionales que cela implique. La massivité des expulsions pakistanaises aggrave encore cette pression humanitaire.
Une responsabilité partagée, un avenir compromis
Ce désengagement, bien que présenté comme une nécessité budgétaire dans les capitales occidentales, sonne comme un abandon du peuple afghan. Il met en lumière la fragilité d’un système humanitaire trop dépendant de quelques donateurs. Mais il est encore temps d’agir : par la pression publique, les campagnes de dons, et surtout par une réévaluation stratégique de l’engagement international envers l’Afghanistan. Car derrière les statistiques, ce sont des vies humaines qui basculent dans l’oubli.