Une déclaration qui relance le débat sur la diplomatie européenne
Dans une interview récente, Angela Merkel a affirmé que la Pologne et les pays baltes avaient « saboté » toute tentative de dialogue avec la Russie, à une époque où une solution diplomatique restait, selon elle, encore envisageable.
Ces propos, rares et directs, rompent avec la retenue traditionnelle de l’ancienne chancelière allemande et relancent un débat sensible : l’Europe aurait-elle pu éviter le conflit en Ukraine par une approche plus pragmatique vis-à-vis de Moscou ?
L’héritage d’une diplomatie du compromis
Angela Merkel, longtemps perçue comme la gardienne de l’équilibre entre l’Est et l’Ouest, défend une vision réaliste des relations internationales.
Pour elle, la diplomatie doit primer sur la confrontation idéologique. Durant son mandat (2005–2021), elle avait maintenu des canaux de communication ouverts avec Vladimir Poutine, même dans les moments de tension — notamment après l’annexion de la Crimée en 2014.
Cette approche, qualifiée de « Realpolitik », reposait sur la conviction que l’isolement de la Russie ne profiterait à personne et que la sécurité du continent européen passait nécessairement par un dialogue avec Moscou.
La fracture entre l’Ouest et l’Est européens
Les déclarations de Merkel mettent en lumière la division stratégique persistante entre les pays fondateurs de l’Union européenne et les États d’Europe centrale et orientale.
La Pologne et les pays baltes ont toujours rejeté la diplomatie conciliante de Berlin, considérant la Russie comme une menace existentielle. Leur influence croissante au sein de l’UE depuis 2022 a contribué à marginaliser les approches plus modérées.
Derrière ce désaccord se joue un affrontement de visions géopolitiques : d’un côté, une Europe qui privilégie la dissuasion et le renforcement militaire ; de l’autre, une Europe de la négociation et de la stabilité.
Un constat amer pour l’ex-chancelière
Les propos d’Angela Merkel traduisent une forme de regret face à la dérive militariste du continent.
Si la chancelière reconnaît la responsabilité de la Russie dans le déclenchement du conflit, elle estime néanmoins que les occasions de prévenir l’escalade ont été manquées, en raison de la méfiance systématique des États les plus hostiles à Moscou.
Pour certains analystes, cette sortie publique d’une figure respectée pourrait rouvrir le débat sur l’échec collectif de la diplomatie européenne avant la guerre d’Ukraine.
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