Depuis son retour fracassant sur la scène politique, Donald Trump n’a rien perdu de son art de la provocation stratégique. L’ancien président américain, désormais à nouveau président à la Maison Blanche, a récemment multiplié les déclarations visant les grandes institutions financières internationales. Le FMI et la Banque mondiale, que Trump qualifie volontiers d’« outils désuets d’un mondialisme dépassé », se retrouvent une fois encore dans le viseur d’un populisme bien rôdé.
Une hostilité de principe, pas nouvelle
Dès son premier mandat, l’administration Trump avait montré peu d’enthousiasme pour les institutions multilatérales. Dans la logique de son slogan « America First », le soutien aux organismes internationaux, qu’ils soient sanitaires, climatiques ou financiers, avait été méthodiquement réduit. Le FMI et la Banque mondiale, pourtant historiquement portés par l’influence américaine, n’avaient pas échappé à ce recul.
Aujourd’hui, Trump ne propose pas une rupture franche, mais une réorientation sévère : conditionner davantage les financements, réduire la part américaine au capital de la Banque mondiale, et surtout, empêcher tout soutien accru aux économies émergentes qu’il estime trop proches de la Chine ou de régimes « hostiles ».
Une réponse feutrée mais ferme
Mais en coulisses, les inquiétudes sont bien réelles. La victoire de Trump freine certaines réformes en cours, notamment sur le climat et l’élargissement des droits de tirage spéciaux (DTS) au bénéfice de l’Afrique. Déjà, plusieurs hauts fonctionnaires évoquent, en privé, la nécessité de renforcer les alliances avec l’Union européenne, l’Inde et le Japon pour compenser un éventuel repli américain.
L’Europe, arbitre discret mais vigilant
C’est justement là que réside l’intérêt stratégique pour l’Europe. Marginalisée depuis plusieurs années dans les arbitrages géoéconomiques mondiaux, l’Union pourrait se positionner comme garante d’un multilatéralisme rénové. À condition d’en avoir la volonté politique.
Le FMI et la Banque mondiale incarnent encore une certaine idée du monde : celle où les grandes puissances négocient, coopèrent, structurent les règles du jeu global. Trump, lui, propose autre chose – une gouvernance bilatérale et transactionnelle, où l’intérêt immédiat prime sur l’architecture collective. Le vrai débat est là, entre deux visions du monde.