C’est dans un ton grave et solennel que le président Emmanuel Macron a salué ce mardi « un tournant historique pour notre planète bleue » : le traité international sur la haute mer entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Fruit de près de deux décennies de négociations, ce texte ambitieux vise à protéger la biodiversité dans les vastes étendues marines qui échappent à toute juridiction nationale — soit près de la moitié de la surface du globe.
Porté par les Nations unies et soutenu par de nombreux États européens, ce traité est présenté comme le pendant marin de l’Accord de Paris pour le climat. Il offre enfin un cadre légal pour créer des aires marines protégées au-delà des zones économiques exclusives, encadrer les activités industrielles (notamment la pêche en eaux profondes ou les projets d’extraction minière), et imposer des évaluations d’impact environnemental.
La haute mer, espace de tous les possibles et de tous les abus, était jusqu’ici une sorte de Far West liquide. Un territoire de liberté totale pour les intérêts économiques, mais d’invisibilité écologique. Chaque jour, des navires-usines y raclent les fonds marins, détruisant des écosystèmes vieux de plusieurs millénaires. Chaque jour, des déchets plastiques et chimiques s’y déversent, loin des regards et des radars.
Le traité apporte des outils : un mécanisme de partage des bénéfices issus des ressources génétiques marines, une gouvernance collective via une conférence des parties (COP de l’océan), et surtout une reconnaissance du principe de précaution comme boussole politique. Mais il laisse encore flotter de nombreuses zones grises : les sanctions en cas de violation restent floues, les moyens techniques à mobiliser sont titanesques, et la volonté réelle de certains États à contraindre les industries maritimes reste à démontrer.
Pourtant, à l’heure où le climat s’emballe et où les espèces disparaissent à un rythme sans précédent, l’entrée en vigueur du traité résonne comme une lueur d’espérance. Un sursaut du droit international face à l’épuisement du vivant. « Ce n’est pas un aboutissement, mais un point de départ », a rappelé Emmanuel Macron. Reste à transformer ce texte en action, cette promesse en protection réelle.
Dans l’immensité anonyme des eaux internationales, où la nature ne connaît ni frontières ni drapeaux, c’est désormais la conscience collective qui est appelée à naviguer.