Il est jeune, brillant, et soudainement devenu l’ennemi public d’une idée fiscale qui promettait pourtant de n’épargner personne. Arthur Mensch, 33 ans, cofondateur de Mistral AI, a fait irruption mardi soir dans les foyers français, au 20 Heures de France 2. L’homme est présenté comme l’exemple parfait de ces grandes fortunes dites «illiquides» – riches en patrimoine, pauvres en liquidités – incapables de s’acquitter de la fameuse taxe Zucman, ce prélèvement plancher de 2 % que la gauche rêve d’instaurer sur les milliardaires.
À l’écran, ce n’est pas un baron de la Silicon Valley que l’on découvre, mais un jeune patron à l’allure presque sage. Chemise blanche, cravate à carreaux, costume bleu marine, un sourire en coin qui semble demander la permission de parler. Pas de provocation, encore moins de défi : Arthur Mensch explique, avec calme, qu’il «ne pourra évidemment pas payer» la taxe. Et il ajoute, dans un ton mesuré, qu’il est possible de «trouver des solutions qui répondent au besoin de justice fiscale» sans pour autant sacrifier la compétitivité de la France.
Mais la question demeure : comment un milliardaire peut-il ne pas pouvoir payer ses impôts ? L’explication tient à la nature même de ces fortunes nouvelles. Le patrimoine de Mensch est avant tout constitué d’actions dans une entreprise non cotée, Mistral AI. Des titres qui valent des milliards sur le papier mais qui, sans acheteur immédiat, ne se transforment pas en argent sonnant et trébuchant. Voilà tout le paradoxe : posséder beaucoup sans disposer de la liquidité pour en jouir ou, ici, pour contribuer à l’effort fiscal.
Les économistes sourient face à ce cas d’école. Les plus radicaux y voient une hypocrisie – «les riches trouveront toujours une excuse pour échapper à l’impôt». D’autres, plus pragmatiques, s’interrogent : faut-il forcer un entrepreneur à vendre une partie de son entreprise, parfois au détriment de sa pérennité, pour honorer un impôt ? L’idée heurte dans un pays qui rêve à la fois de justice sociale et de souveraineté technologique.
Car derrière le cas Mensch se dessine une tension française vieille comme Colbert : comment taxer sans briser l’élan, comment financer la solidarité sans punir la réussite ? Arthur Mensch n’est pas l’ogre capitaliste qu’on imaginait. Il est l’illustration vivante d’une contradiction nationale : nous voulons des champions, mais nous les regardons aussitôt avec suspicion dès qu’ils réussissent.
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