Le 27 juin 2025, un moment historique s’est écrit à Washington avec la signature de l’accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, visant à mettre fin à des décennies de conflit dans l’est de la RDC. Cet accord, conclu sous la médiation des États-Unis et du Qatar, a suscité un vif écho à travers le monde, salué par des institutions internationales et des nations influentes. Voici un aperçu structuré de cet événement majeur, de ses implications et des réactions qu’il a engendrées.
Contexte du conflit
Depuis plus de trente ans, l’est de la RDC, riche en ressources naturelles telles que le cobalt, le cuivre et le lithium, est le théâtre de violences impliquant de multiples groupes armés, dont le M23, soutenu militairement par le Rwanda selon les experts de l’ONU et les États-Unis. Ce conflit, souvent qualifié de « guerre mondiale africaine », a causé entre 7 et 8 millions de victimes côté congolais, des millions de déplacés et une crise humanitaire majeure. Les tensions entre Kinshasa et Kigali, exacerbées par des accusations mutuelles de soutien à des groupes armés – le M23 par le Rwanda et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) par la RDC – ont rendu la paix insaisissable malgré plusieurs cessez-le-feu infructueux depuis 2021.
L’accord de paix : une étape décisive
L’accord, paraphé le 18 juin et signé officiellement le 27 juin 2025 lors d’une cérémonie au Département d’État américain en présence du secrétaire d’État Marco Rubio, repose sur une déclaration de principes adoptée en avril. Ses principales dispositions incluent :
- Respect de l’intégrité territoriale et interdiction des hostilités.
- Désengagement, désarmement et intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques, notamment le M23.
- Mise en place d’un mécanisme conjoint de sécurité, appuyé par l’ONU, pour surveiller la frontière et coordonner les opérations de paix.
- Retour sécurisé des réfugiés et ouverture de couloirs humanitaires sous supervision onusienne.
- Intégration économique régionale, avec des investissements dans les infrastructures et les ressources minières, soutenus par les États-Unis via la U.S. Development Finance Corporation.
Le Qatar a joué un rôle clé en facilitant les négociations entre le gouvernement congolais et le M23, tandis que Washington a orchestré le dialogue entre les gouvernements rwandais et congolais. Cette complémentarité a permis de surmonter les obstacles qui avaient fait échouer les médiations précédentes, notamment celles menées par l’Angola et le Kenya.
Réactions internationales : un espoir partagé
La signature de l’accord a été largement saluée, reflétant l’espoir d’une stabilisation durable dans la région des Grands Lacs. Voici un tour d’horizon des principales réactions :
- Nations Unies : Le secrétaire général Antonio Guterres a qualifié l’accord d’« étape importante vers la désescalade, la paix et la stabilité » dans l’est de la RDC et la région des Grands Lacs, appelant les parties à respecter pleinement leurs engagements.
- Union africaine (UA) : Le président de la Commission de l’UA, Mahamoud Ali Youssouf, a souligné « le rôle constructif » des États-Unis et du Qatar, tout en réaffirmant l’engagement de l’UA à soutenir les efforts de paix et de réconciliation.
- États-Unis : Le président Donald Trump a célébré l’accord comme l’ouverture d’« un nouveau chapitre d’espoir, d’harmonie et de prospérité », tandis que Marco Rubio a reconnu qu’« il reste beaucoup à faire » pour traduire cet engagement en réalité sur le terrain.
- Qatar : Le pays, médiateur clé, a été félicité pour son rôle dans les pourparlers avec le M23, renforçant sa réputation de pacificateur régional.
- France : Le président Emmanuel Macron a salué un « pas en avant historique » après des décennies de souffrances, réaffirmant l’engagement de la France à soutenir la mise en œuvre de l’accord.
- Russie : Bien que moins impliquée dans le processus, la Russie a exprimé son soutien à l’accord, le considérant comme un pas vers la stabilité régionale.
Ces réactions témoignent d’un consensus international sur l’importance de cet accord, bien que des voix, comme celle du Prix Nobel de la paix Denis Mukwege, appellent à une vigilance accrue pour garantir sa mise en œuvre effective.
Défis et perspectives
Malgré l’optimisme, des défis majeurs subsistent. Les précédents accords de paix dans la région ont souvent été violés en raison d’un manque de volonté politique, de mécanismes de suivi insuffisants ou de divergences sur des questions clés comme le désarmement du M23 et la neutralisation des FDLR. Sur le terrain, les violations des droits humains, dénoncées par le Haut-Commissaire de l’ONU Volker Türk, continuent de compliquer la situation. Par ailleurs, la question des ressources minières, au cœur des enjeux géopolitiques, pourrait raviver les tensions si les bénéfices ne sont pas équitablement partagés.
L’accord s’inscrit également dans une lutte d’influence plus large, notamment entre les États-Unis et la Chine, qui domine actuellement l’exploitation des minerais stratégiques en RDC. Les investissements américains promis dans les infrastructures et le secteur minier pourraient renforcer la stabilité, mais ils devront être accompagnés de réformes structurelles, notamment dans le secteur sécuritaire congolais.
Conclusion
L’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, signé le 27 juin 2025, représente une lueur d’espoir pour une région meurtrie par des décennies de conflit. Salué par l’ONU, l’Union africaine et des puissances mondiales comme les États-Unis, le Qatar, la France et la Russie, il incarne une volonté collective de mettre fin aux souffrances du peuple congolais et de poser les bases d’une coopération régionale. Toutefois, sa réussite dépendra de la mise en œuvre rigoureuse de ses dispositions et de l’engagement des parties à surmonter les défis persistants. Comme l’a souligné la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, « cet accord n’est que le début, pas la fin ». Le monde observe désormais si cette étape historique marquera un véritable tournant pour la paix dans les Grands Lacs.
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