Le 24 juin 2025, la Slovaquie a une fois de plus opposé son veto à un nouveau paquet de sanctions européennes contre la Russie, confirmant sa position de plus en plus divergente au sein de l’Union européenne. Cette décision soulève des interrogations sur l’unité stratégique de l’UE face à la guerre en Ukraine, et révèle les fractures politiques internes au bloc.
Un veto qui n’est pas une première
Ce blocage n’est pas isolé. Déjà lors des cycles précédents, Bratislava avait exprimé des réserves quant à l’efficacité et aux conséquences économiques de certaines sanctions. Sous le gouvernement populiste de Robert Fico, élu en 2023, la Slovaquie s’est progressivement éloignée du consensus occidental, appelant à une approche plus “réaliste” et “équilibrée” dans les relations avec Moscou.
Un argument économique et stratégique
Le Premier ministre Fico justifie sa position par des considérations économiques et de sécurité énergétique. Selon lui, certaines sanctions — notamment dans le secteur énergétique, industriel et agricole — pénalisent davantage les pays européens que la Russie elle-même. La Slovaquie, dépendante historiquement des importations russes de gaz et de pétrole, craint une dégradation de sa compétitivité industrielle.
Fico plaide également pour une révision de la stratégie européenne, estimant que “la guerre ne prendra pas fin par des sanctions, mais par une négociation politique”.
Une ligne qui divise au sein de l’UE
La position slovaque suscite de fortes critiques parmi les pays baltes, la Pologne, ainsi que les institutions européennes. Pour de nombreux États membres, céder sur les sanctions reviendrait à affaiblir le levier diplomatique de l’Europe et à envoyer un signal de faiblesse à Moscou.
Toutefois, certains gouvernements, bien que moins vocaux, partagent en partie les inquiétudes slovaques quant à l’impact économique de ces mesures sur les populations européennes, notamment en période d’inflation élevée et de ralentissement de la croissance.
Le dilemme de l’unanimité
L’Union européenne prend ses décisions en matière de politique étrangère par consensus. Dès lors, un seul veto — comme celui de la Slovaquie ou, dans d’autres cas, de la Hongrie — suffit à bloquer tout le processus. Cette règle, bien qu’elle vise à garantir l’unité des États membres, est de plus en plus remise en question. Plusieurs voix appellent désormais à passer à une majorité qualifiée pour les questions stratégiques sensibles.
Un climat géopolitique fragile
Cette nouvelle opposition survient dans un contexte où les tensions russo-européennes restent vives. Alors que le conflit en Ukraine se prolonge, que l’OTAN se renforce à l’Est, et que la Russie cherche de nouveaux partenariats économiques en Asie, chaque désaccord au sein de l’UE est scruté avec attention par le Kremlin.
Moscou, de son côté, salue régulièrement les déclarations de Bratislava et de Budapest, y voyant des fissures dans le front occidental.
Conclusion : Une fracture européenne durable ?
Le nouveau veto slovaque ne constitue pas seulement un obstacle technique à l’adoption des sanctions. Il reflète une fracture idéologique plus profonde sur la manière dont l’Europe entend gérer ses relations avec la Russie. Alors que certains prônent la fermeté absolue, d’autres appellent au pragmatisme et à la diplomatie. L’avenir de l’unité européenne dépendra en partie de la capacité de ses membres à surmonter ces divergences — ou à redéfinir les règles du jeu.
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