C’est une page d’histoire qui semble se tourner dans un fracas de drones et de diplomatie électrique. Alors que les frappes israéliennes s’intensifient contre des infrastructures militaires iraniennes, c’est bien plus qu’un conflit périphérique qui se joue : c’est l’avenir de la République islamique elle-même qui vacille.
Tel-Aviv ne s’en cache plus. Après des décennies de confrontation indirecte, Israël vise désormais à fragiliser durablement, voire à précipiter la fin du régime né de la révolution khomeyniste de 1979.
La cible : un régime honni à l’intérieur comme à l’extérieur
Officiellement, les frappes israéliennes répondent à des menaces sécuritaires : installations nucléaires clandestines, livraisons d’armes aux milices du Hezbollah ou aux Houthis, drones Shahed livrés à la Russie pour bombarder l’Ukraine. Mais en filigrane, l’intention est claire : affaiblir, isoler, miner le socle même du pouvoir iranien.
« Le régime iranien ne survivra pas à sa propre brutalité », déclarait récemment un haut responsable israélien. Et d’ajouter : « Nous n’avons pas vocation à occuper l’Iran. Nous voulons seulement qu’il cesse de nuire au monde. »
L’Iran : une citadelle en crise
En dépit de sa rhétorique martiale, la République islamique est en crise profonde. Depuis la mort de Mahsa Amini en 2022, la contestation ne faiblit pas. Le mouvement Femme, Vie, Liberté a réveillé une jeunesse lasse de l’autoritarisme et de l’hypocrisie morale. Les prisons se remplissent, les tribunaux expéditifs se multiplient, mais le pouvoir ne convainc plus.
À cela s’ajoutent les exécutions d’opposants politiques, les pendaisons d’homosexuels, la répression féroce des minorités ethniques et la persécution des femmes – sommées de se couvrir ou de disparaître. L’Iran, en 2025, reste l’un des derniers pays au monde où l’on peut être tué pour avoir aimé ou pensé autrement.
L’ombre portée de la Russie
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Iran a fait le choix stratégique – et risqué – d’embrasser le camp russe. Par l’envoi de drones et de munitions, il s’est imposé comme un partenaire technique indispensable à Moscou. Ce rôle a braqué sur lui les projecteurs de l’Occident, déjà alarmé par son soutien historique au terrorisme international.
Washington, Londres et Paris évoquent une « convergence des autoritarismes » entre Moscou et Téhéran, tandis que Berlin met en garde : si le régime tombe, l’effet domino pourrait bouleverser l’équilibre stratégique du Moyen-Orient.
Vers une chute inéluctable ?
La chute d’un régime n’est jamais un scénario certain. Mais dans les capitales occidentales, l’hypothèse d’un Iran post-théocratique est désormais sur la table des diplomates. Déjà, des figures de l’opposition en exil esquissent les contours d’un futur républicain, laïc et pluraliste.
La question reste entière : le peuple iranien pourra-t-il prendre le relais de l’offensive israélienne et transformer l’effondrement militaire en transition politique ? Ou assiste-t-on à un nouveau vide stratégique, semblable à celui laissé par l’Irak de Saddam ou la Syrie d’Assad ?
Une inquiétude feutrée à Paris
À l’Élysée comme au Quai d’Orsay, la prudence est de mise. La France, fidèle à sa ligne gaullo-mitterrandienne, rappelle qu’« on ne remplace pas un régime autoritaire par le néant ». Mais à demi-mot, on reconnaît aussi que la République islamique d’Iran a franchi depuis longtemps les limites du tolérable.
Entre l’exécution des femmes, la pendaison des homosexuels, le financement du terrorisme et le soutien actif à la Russie, le régime des mollahs est devenu un anachronisme tragique, une relique toxique dans un monde qui cherche – bon gré mal gré – à se libérer des fureurs théocratiques.
Il est des chutes qui s’annoncent bruyamment. D’autres, silencieuses, mais irréversibles. À Téhéran, le compte à rebours semble engagé. Et le vent du changement, pour la première fois depuis longtemps, souffle dans le bon sens de l’Histoire.
Avez-vous trouvé cet article instructif ? Abonnez-vous à la newsletter de notre média EurasiaFocus pour ne rien manquer et recevoir des informations exclusives réservées à nos abonnés : https://bit.ly/3HPHzN6
Did you find this article insightful? Subscribe to the EurasiaFocus newsletter so you never miss out and get access to exclusive insights reserved for our subscribers: https://bit.ly/3HPHzN6