À l’heure où l’Occident semble renouer avec une diplomatie de la canonnière, les frappes américaines et israéliennes se multiplient dans une région du monde où la stabilité est depuis longtemps un mirage. L’Iran, bastion chiite et dernier empire théocratique d’envergure, vacille. Lentement mais sûrement, la République islamique paraît s’engager dans une spirale de fragilisation, peut-être irréversible.
Depuis plusieurs semaines, les frappes ciblées s’intensifient sur le sol iranien ou à ses marges d’influence : Syrie, Irak, mer Rouge, Liban. L’armée israélienne, rompue à l’art du renseignement tactique, multiplie les éliminations de hauts responsables des Gardiens de la Révolution. Les États-Unis, quant à eux, avancent avec la prudence calculée d’un empire vieillissant, préférant les frappes chirurgicales à l’intervention de masse. Mais le message est clair : Téhéran est désormais une cible, autant politique que stratégique.
L’érosion interne
Si les attaques extérieures ont le mérite de cristalliser l’attention médiatique, le véritable mal iranien est endogène. Inflation galopante, chômage structurel, fuite des cerveaux, épuisement de la jeunesse… Le régime théocratique, né dans le feu de 1979, semble aujourd’hui déconnecté de la génération post-Révolution. Les funérailles de Mahsa Amini, devenues le symbole d’une révolte féminine, avaient déjà fissuré le vernis d’un pouvoir patriarcal et ossifié.
Le clergé, lui, se replie sur ses dogmes, dans une surenchère morale aussi vaine qu’inopérante. Et pendant ce temps, les élites technocratiques lorgnent vers Dubaï ou Berlin. L’Iran réel, celui des écrivains, des ingénieurs, des artistes, s’éloigne jour après jour du rêve khomeyniste.
Une fin possible, mais pas certaine
Peut-on alors parler de la fin du régime ? C’est oublier que les régimes autoritaires, même chancelants, sont experts en survie. La République islamique a survécu à la guerre Iran-Irak, aux sanctions, aux printemps arabes, à Trump, et même à ses propres contradictions. Elle dispose encore d’un appareil sécuritaire tentaculaire, d’alliés régionaux et d’une idéologie messianique qui, malgré tout, structure encore une partie de la population.
Mais le mythe s’effrite. Le sacré s’épuise. Et les frappes extérieures, en désorganisant l’appareil militaire, n’en sont que les catalyseurs. L’histoire ne se répète jamais à l’identique, mais elle bégaie souvent. Et si la République islamique d’Iran n’est pas encore morte, elle semble, à bien des égards, déjà entrée dans sa dernière saison.
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