L’Iran a intensifié ses critiques contre Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’accusant de “partialité” et de collusion avec des puissances occidentales, notamment Israël. Ces déclarations, portées par le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, surviennent dans le sillage des frappes israéliennes et américaines sur des installations nucléaires iraniennes en juin 2025. Cet article analyse les accusations iraniennes, le contexte géopolitique, les réactions internationales et les implications pour la non-prolifération nucléaire.
Contexte géopolitique
Depuis l’abandon unilatéral par les États-Unis du Plan d’action global commun (JCPOA) en 2018, les relations entre l’Iran et l’AIEA se sont tendues. Les rapports de l’agence sur l’enrichissement d’uranium par Téhéran et les restrictions imposées aux inspecteurs ont alimenté les frictions. Les frappes récentes sur les sites nucléaires d’Ispahan et Natanz, attribuées à Israël avec un soutien présumé des États-Unis, ont exacerbé la situation. Ces attaques, survenues entre le 17 et le 22 juin 2025, ont visé des infrastructures stratégiques, intensifiant les accusations iraniennes de partialité à l’encontre de l’AIEA.
Le 27 juin 2025, Abbas Araghchi a dénoncé Rafael Grossi, affirmant que ses demandes d’inspections des sites endommagés servaient des “agendas malveillants” visant à légitimer de nouvelles sanctions ou frappes. Cette position a été relayée par des médias iraniens, notamment Kayhan, qui a qualifié Grossi de “complice” des puissances occidentales.
Accusations iraniennes contre l’AIEA
L’Iran a formulé trois griefs principaux à l’encontre de Rafael Grossi :
- Rapports biaisés : Téhéran soutient que les rapports de l’AIEA exagèrent la portée des activités nucléaires iraniennes, fournissant un prétexte aux actions militaires israéliennes et américaines.
- Collusion présumée : Des documents, prétendument obtenus par l’Iran lors d’une opération contre Israël, suggèrent une coordination entre Grossi et des responsables israéliens. Ces allégations, non corroborées par des sources indépendantes, ont renforcé la méfiance iranienne.
- Inspections controversées : La demande de Grossi d’accéder aux sites nucléaires bombardés pour évaluer les risques radiologiques est perçue par l’Iran comme une tentative de collecte de renseignements pour des puissances hostiles.
Ces critiques ont atteint un paroxysme avec des déclarations incendiaires de Kayhan, appelant à des mesures extrêmes contre Grossi, bien que ces propos aient été largement critiqués pour leur ton provocateur.
Réactions de la communauté internationale
- AIEA : Rafael Grossi a réitéré son engagement envers une approche “technique et impartiale”, insistant sur la nécessité d’inspections pour garantir la sécurité nucléaire mondiale. L’agence a évité de répondre directement aux accusations iraniennes.
- Puissances occidentales : Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont dénoncé l’obstruction iranienne aux inspections, qualifiant les attaques contre Grossi de “manœuvre de diversion”. Washington a réaffirmé son soutien à l’AIEA.
- Russie et Chine : Les deux alliés de l’Iran ont prôné la retenue, critiquant les frappes occidentales tout en appelant à une reprise des négociations sur le JCPOA. Pékin a proposé une médiation pour apaiser les tensions.
- Analyse externe : Sur des plateformes comme X, des experts ont jugé la rhétorique iranienne “contre-productive”, estimant qu’elle risque d’aggraver l’isolement diplomatique de Téhéran.
Analyse des implications
- Érosion de la confiance : Les accusations contre Grossi compromettent la coopération entre l’Iran et l’AIEA, essentielle pour vérifier la nature pacifique du programme nucléaire iranien.
- Risque d’escalade : La rhétorique agressive de Téhéran, combinée à son refus d’inspections, pourrait inciter l’Iran à accélérer ses activités nucléaires, réduisant le temps nécessaire pour développer une arme nucléaire.
- Fragilisation du JCPOA : Les perspectives de relance de l’accord nucléaire s’amenuisent, particulièrement avec l’arrivée de l’administration Trump en 2025, connue pour sa fermeté envers l’Iran.
Recommandations et perspectives
Pour éviter une crise nucléaire plus grave, plusieurs mesures pourraient être envisagées :
- Dialogue multilatéral : Une médiation impliquant la Russie, la Chine et l’Union européenne pourrait encourager l’Iran à autoriser des inspections limitées, en échange de garanties contre de nouvelles frappes.
- Transparence accrue : L’Iran pourrait bénéficier d’une coopération partielle avec l’AIEA pour démontrer sa bonne foi, tout en maintenant sa souveraineté.
- Désescalade régionale : Une réduction des tensions militaires, notamment entre Israël et l’Iran, est cruciale pour créer un environnement propice à la diplomatie.
Sans progrès, le risque d’une confrontation militaire ou de nouvelles sanctions économiques plane sur la région, avec des conséquences potentiellement dévastatrices.
Conclusion
Les accusations portées par l’Iran contre Rafael Grossi reflètent une méfiance croissante envers les institutions internationales, dans un contexte de pressions militaires et diplomatiques. En qualifiant l’AIEA de partial, Téhéran cherche à rallier ses alliés et à contrer les critiques sur son programme nucléaire. Cependant, cette stratégie risque de l’isoler davantage et de compliquer les efforts de non-prolifération. La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour restaurer la confiance et prévenir une escalade aux conséquences imprévisibles.
Avez-vous trouvé cet article instructif ? Abonnez-vous à la newsletter de notre média EurasiaFocus pour ne rien manquer et recevoir des informations exclusives réservées à nos abonnés : https://bit.ly/3HPHzN6
Did you find this article insightful? Subscribe to the EurasiaFocus newsletter so you never miss out and get access to exclusive insights reserved for our subscribers: https://bit.ly/3HPHzN6