Jeudi 20 novembre, le ministère de l’Éducation nationale a publié les résultats de ses évaluations annuelles. Dans l’indifférence générale, ces chiffres confirment une réalité inquiétante : l’école française continue de lutter pour maintenir un niveau satisfaisant. Selon les données, 53 % des élèves de cinquième ne maîtrisent pas les automatismes en mathématiques, et près de la moitié des collégiens ne dispose pas d’une maîtrise satisfaisante des compétences langagières et linguistiques.
Cette situation, que l’on pourrait qualifier de systémique, résulte d’un faisceau complexe de causes. Crises économiques, mutation sociale, fracture territoriale : autant de facteurs qui pèsent sur la réussite scolaire. Comme le soulignait déjà Charles Péguy, « les crises de l’enseignement sont des crises de la vie elle-même ».
Parmi ces facteurs, l’évolution démographique joue un rôle notable. La part des jeunes générations issues de l’immigration a fortement augmenté depuis deux décennies. Selon les études TIMSS et Pisa, près d’un élève de CM1 sur cinq parle une autre langue que le français à la maison, et le nombre d’élèves allophones nouvellement arrivés – souvent non scolarisés avant leur arrivée – a bondi de 153 % depuis 2008. Ces réalités entraînent la mise en place de dispositifs spécifiques, avec un budget annuel de 180 millions d’euros, qui s’ajoutent aux politiques d’éducation prioritaire et aux programmes en faveur des mineurs non accompagnés.
Si l’effet de la langue et du contexte culturel sur la réussite scolaire est documenté, il ne saurait être réduit à une cause unique. Pisa montre qu’à caractéristiques socio‑économiques comparables, un écart subsiste entre élèves issus de l’immigration et autochtones, mais cet écart est moins marqué qu’en apparence. La France se distingue néanmoins par la diversité et la complexité de ses flux migratoires, qui imposent aux enseignants une adaptation constante de leurs pratiques pédagogiques.
Au-delà des compétences académiques, la question du climat scolaire mérite attention. Tensions ethno-identitaires, atteintes à la laïcité et violences entre élèves complexifient le quotidien des enseignants et des élèves. Si ces phénomènes sont minoritaires, leur impact sur le travail pédagogique est réel et demande une approche fine et mesurée.
Le constat est donc clair : l’école française est confrontée à des défis multiples, et il n’existe pas de solution simple. Mesurer les résultats, analyser les facteurs sociaux et culturels et adapter les dispositifs pédagogiques sont autant de démarches indispensables pour préserver une école qui aspire à l’excellence et à l’inclusion. L’heure n’est pas à la stigmatisation, mais à une réflexion lucide et adulte sur les moyens de garantir à chaque enfant la possibilité de réussir, quelles que soient ses origines.
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