Après un malaise survenu mercredi à la Scala à Paris, Carole Bouquet reprend sa lecture de Le Professeur, le poignant ouvrage d’Émilie Frèche retraçant les derniers jours de Samuel Paty. Les proches de l’actrice assurent qu’elle « va bien, s’est reposée et joue ce soir ». Rencontre avec une figure du cinéma français qui, à 68 ans, continue de conjuguer exigence artistique et jouissance de la vie.
Sous un foulard noir dissimulant ses dreadlocks grises et blondes, coiffure pensée pour le tournage de Demain, je tombe amoureux de Martin Provost, Bouquet évoque sa carrière et ses passions avec une lucidité charmante. Entre souvenirs de ses César et collaborations avec Fabrice Luchini ou Bertrand Blier, elle cultive la conscience du présent, notamment dans sa maison de Pantelleria, où vignes et oliviers rythment ses journées d’épicurienne. « J’ai fait ce que j’avais envie de faire… Je ne me considère pas comme vieille, j’aime la vie », confie-t-elle, incarnant une joie douce et réfléchie, propre aux âmes qui ont traversé les années avec intensité.
Sur scène, à la Scala, l’actrice opère un grand écart émotionnel : seule, devant un pupitre, elle prête sa voix à tous les personnages du drame qui a bouleversé la France le 16 octobre 2020. De Samuel Paty à la principale, des élèves au « référent laïcité », elle incarne les nuances d’une tragédie née de la lâcheté et de l’indifférence. « Au fond, tout le monde abandonne Samuel Paty », analyse-t-elle avec gravité, rappelant combien le drame résulte d’une accumulation de petites dérobades.
Bouquet confesse les défis de ces lectures : textes inconnus, répétitions courtes et créations parfois éprouvantes, comme cet été à Cimiez où le vent et le sable s’en mêlaient. Pourtant, elle poursuit, impavide, avec une résilience qui dépasse la simple exigence professionnelle. Dans ses confidences sur l’amour et l’amitié, elle mêle anecdotes personnelles et souvenirs cinématographiques, jetant un regard nostalgique mais lumineux sur un parcours qui semble déjà légendaire.
Carole Bouquet incarne ainsi l’équilibre subtil entre conscience du monde et célébration de la vie : un mélange de gravité et de légèreté, de mémoire et de joie, qui fait d’elle un ange discret mais essentiel du septième art.
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