Entre Donald Trump et Emmanuel Macron, il n’y a jamais eu d’amitié. Il y a eu des poignées de main viriles, des dîners à Versailles, un chêne planté et aussitôt arraché, des sourires crispés devant les photographes. Et surtout, une dynamique de domination parfaitement assumée par le premier, soigneusement tolérée par le second.
Trump aime se moquer de Macron. Il le fait en meeting, en coulisse, sur les réseaux, toujours avec ce mélange d’amusement condescendant et d’instinct carnassier propre à l’animal politique qu’il demeure. Pourquoi Macron ? Parce qu’il brille. Parce qu’il parle anglais avec un accent de théâtre. Parce qu’il cite Hegel, se rêve stratège, et affiche un panache gaulois qui détonne parmi les dirigeants actuels – le terne Merz, le prudent Starmer, la rigide Ursula von der Leyen. Macron détonne, donc il agace. Il séduit, donc il devient cible.
Un rapport de force asymétrique
Trump, lui, n’a pas besoin de séduire. Il s’impose, comme un patron dans une salle de conseil d’administration. Il n’a jamais vraiment quitté le monde des affaires, où l’humiliation d’un subalterne est un art aussi banal que stratégique. Pour Trump, les relations internationales ne relèvent pas de la diplomatie, mais du rapport hiérarchique : il est le chef, les autres sont des managers régionaux.
Dans cette logique, Macron est traité non comme un égal, mais comme un junior trop bavard. Et ce dernier ne peut se permettre de répondre frontalement. Une gifle diplomatique à Trump serait une gifle indirecte à tout l’Occident conservateur, aux Républicains du Congrès, à l’OTAN déjà fragilisée. Macron est donc contraint au sourire poli, au silence chargé, à la posture de celui qui encaisse pour ne pas compromettre l’équilibre global.
L’impunité trumpienne
Ce qui rend Trump si difficile à contenir, c’est qu’il bénéficie d’une forme d’impunité structurelle. Il n’est tenu par aucun code d’honneur républicain, par aucun usage diplomatique, par aucune loyauté à des alliances anciennes. Il joue seul, et il gagne souvent par KO verbal. Il peut insulter, rabaisser, ridiculiser – tout cela fait partie de son charme brutal, auprès de ses électeurs et même d’une partie des élites qui, en secret, admirent son efficacité instinctive.
Face à cela, Macron apparaît comme un représentant d’un vieux monde rationnel, d’une Europe encore attachée aux symboles, à la parole mesurée, à la mise en scène républicaine. Il ne parle pas la langue de Trump. Il parle celle des traités, des équilibres, du multilatéralisme. Et Trump, comme tout prédateur, sent que cela le rend vulnérable.
Macron ne peut pas battre Trump à son propre jeu. Il ne peut que tenir bon, dans la posture classique du diplomate civilisé face au magnat déchaîné. Une vieille scène se rejoue alors : celle du raffinement européen pris de haut par le pragmatisme brut américain. Mais cette fois, ce n’est plus une pièce de théâtre. C’est le monde réel. Et Trump, en coulisses, a déjà sa réplique prête