Longtemps cantonnée à son rôle de Posh Spice, silhouette rigide et regard de velours, Victoria Beckham fut d’abord un personnage avant de devenir une femme d’affaires. La série documentaire que lui consacre Netflix, sobrement intitulée Victoria Beckham, retrace cette métamorphose : celle d’une pop star devenue créatrice respectée, dirigeant une maison de mode indépendante, entre Londres et Paris.
Ceux qui espéraient des révélations croustillantes sur les années Spice Girls ou les coulisses du couple Beckham devront revoir leurs attentes. Le récit, en trois épisodes, s’attache moins à la confession qu’à la construction — moins à l’icône qu’à la travailleuse. À travers les préparatifs de son défilé printemps-été 2025, la Britannique raconte la fragilité d’une entreprise de mode, la tension d’un atelier à quelques jours du podium, mais surtout, la lente conquête d’une légitimité dans un milieu qui la regardait d’abord comme “la femme de”.
Il aura fallu à Victoria Beckham vingt ans pour se délester du regard du monde. « Quand j’étais enfant, on m’a dit que j’étais inutile à l’école. Puis, quand j’ai voulu être danseuse, qu’il me manquait le corps pour cela. Et plus tard, on a vu en moi une ex-Spice Girl ou une Wag. » Derrière la voix posée et le sourire mesuré, on devine la revanche tranquille d’une femme longtemps sous-estimée.
Dans son documentaire, Beckham revendique une approche artisanale de la mode : un luxe discret, portable, pensé pour des femmes réelles. « Pendant de nombreuses années, je n’ai pas été bien dans ma peau, dit-elle. Alors j’utilisais le vêtement pour m’élever, pour me donner du pouvoir. » Ce pouvoir, elle souhaite aujourd’hui le transmettre à d’autres. Ses collections, ancrées dans la réalité du quotidien féminin, traduisent cette ambition silencieuse : habiller sans travestir, sublimer sans trahir.
Le ton du film, feutré mais sincère, révèle une créatrice au travail — ses doutes, sa discipline, son humour. Loin des postures de la celebrity fashion brand, Victoria Beckham apparaît comme une entrepreneuse rigoureuse, qui revendique le droit d’être ambitieuse, méthodique, parfois même exigeante. Une forme d’honnêteté rare dans une industrie où l’image prime souvent sur l’effort.
« Si je peux le faire, tout le monde peut le faire », affirme-t-elle, dans une phrase à la simplicité presque naïve. Mais derrière cette modestie calculée, il y a une leçon : la réussite, dans la mode comme ailleurs, n’est pas affaire de hasard ni d’épouse célèbre — mais de persistance, de goût, et de foi dans le détail.
Victoria Beckham n’a plus rien à prouver. Elle n’est plus une Wag, ni même une ex-Spice Girl : elle est, simplement, Victoria Beckham — une femme qui, à force de constance, a fait de la discrétion une forme de puissance.
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