Deux minutes à peine. Mercredi, sur le perron de Matignon, Sébastien Lecornu s’est avancé avec la sobriété des grands serviteurs de l’État. Pas de lyrisme, ni d’envolées : seulement l’affirmation d’une « rupture », « sur le fond » et « pas que sur la forme ». Mais derrière ce minimalisme calculé, un paradoxe s’impose déjà : le nouveau Premier ministre commence son mandat lesté d’un déficit de légitimité.
Un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro rappelle la froide réalité. Pour 69 % des Français, sa promotion ne répond pas aux attentes du pays. À titre de comparaison, François Bayrou, en son temps, avait su susciter l’enthousiasme d’un tiers de la population (36 %), et Michel Barnier celui de près de la moitié (45 %). Lecornu, lui, ne convainc que les fidèles du chef de l’État et une partie de la droite.
Issu de cette même droite, le ministre démissionnaire des Armées traîne l’image d’un technicien plus que d’un tribun. Discret à l’Hôtel de Brienne, il doit désormais incarner la verticalité d’une fonction où l’autorité politique se confond avec la projection symbolique. Une gageure, pour ce fidèle d’Emmanuel Macron qui a traversé tous ses gouvernements, mais n’a pas encore trouvé le chemin de la popularité. Seuls 43 % des Français en ont aujourd’hui une « bonne opinion ».
Lecornu promet la rupture. Mais le pays attend autre chose : un souffle, une incarnation, peut-être un récit. Or, sur ce terrain-là, le nouveau locataire de Matignon n’a encore offert qu’un silence prudent. Reste à savoir si ce mutisme est la marque d’une méthode… ou d’une fragilité.
Avez-vous trouvé cet article instructif ? Abonnez-vous à la newsletter de notre média EurasiaFocus pour ne rien manquer et recevoir des informations exclusives réservées à nos abonnés : https://bit.ly/3HPHzN6
Did you find this article insightful? Subscribe to the EurasiaFocus newsletter so you never miss out and get access to exclusive insights reserved for our subscribers: https://bit.ly/3HPHzN6