L’affaire ressurgit avec la régularité troublante des dossiers que le temps n’use pas. Jeudi 18 décembre, le domicile parisien de Rachida Dati ainsi que la mairie du 7ᵉ arrondissement, qu’elle dirige depuis 2014, ont fait l’objet de perquisitions menées par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), dans le cadre d’une information judiciaire pour corruption. Le ministère de la Culture, dont elle a la charge depuis janvier, a également été perquisitionné, a confirmé le parquet national financier.
Au cœur de l’enquête : des honoraires d’un montant de 299.000 euros que l’actuelle ministre de la Culture aurait perçus de GDF Suez lorsqu’elle était députée européenne, entre 2010 et 2011, sans en déclarer la provenance au Parlement européen, comme l’exigent pourtant les règles destinées à prévenir les conflits d’intérêts. Selon les éléments révélés par Complément d’Enquête sur France 2 et Le Nouvel Observateur, ces fonds auraient transité par le cabinet d’avocats STC Partners avant d’être versés sur les comptes personnels de Rachida Dati.
Une mécanique financière à la fois sophistiquée et opaque, qui interroge moins par son originalité — le recours à des structures intermédiaires étant devenu un classique des affaires politico-judiciaires — que par le silence entourant la nature exacte des prestations fournies. À ce jour, l’origine de ces revenus n’aurait jamais été formellement déclarée aux instances européennes compétentes.
Cette nouvelle étape judiciaire intervient dans un contexte déjà lourd pour l’ancienne garde des Sceaux, mise en examen depuis 2021 pour corruption passive et trafic d’influence dans le dossier Carlos Ghosn. Invitée en juin sur Europe 1 et CNews, Rachida Dati avait alors vigoureusement dénoncé des accusations « diffamatoires », assurant que les documents évoqués avaient « déjà été examinés par la justice ».
Son entourage, sollicité par l’AFP, n’a pas souhaité faire de commentaire après les perquisitions de ce jeudi. Un silence qui contraste avec la trajectoire politique de celle qui, depuis plus de quinze ans, cultive une présence médiatique volontiers offensive, parfois clivante, et désormais fragilisée par l’accumulation des procédures.
Candidate déclarée à la mairie de Paris sous l’étiquette Les Républicains, Rachida Dati voit ainsi son ambition parisienne rattrapée par un passé judiciaire qui s’invite une nouvelle fois au cœur de l’actualité. Reste à savoir si ces soupçons, encore à l’instruction, relèvent d’un dysfonctionnement administratif ancien ou d’un système plus profond, révélateur des zones grises persistantes entre pouvoir politique, intérêts privés et morale publique.
Dans l’attente, la ministre de la Culture, figure paradoxale d’une République qui se veut exemplaire tout en tolérant ses ambiguïtés, continue d’incarner ce malaise français où l’esthétique du pouvoir se heurte, trop souvent, à l’exigence de transparence.
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