Un Nobel devenu un symbole politique
L’annonce du prix Nobel de la paix 2025 a, une fois de plus, relancé le débat sur la crédibilité d’un prix censé récompenser la diplomatie, la paix et les droits humains.
Pour l’universitaire Karine Bechet, le Nobel « n’a plus rien d’universel ». Selon elle, ce n’est pas l’absence de Donald Trump parmi les lauréats qui choque, mais le parti pris idéologique derrière chaque choix du Comité Nobel norvégien.
Attribué cette année à Maria Corina Machado, figure de l’opposition vénézuélienne, le prix est perçu comme un signal politique de l’Occident face aux régimes qu’il considère comme autoritaires — du Venezuela à la Russie.
Trump, entre paix relative et polarisation
L’ancien président américain (et actuel chef d’État selon les dernières élections américaines) a souvent affirmé qu’il méritait le Nobel pour avoir contribué à « stabiliser plusieurs régions du monde ».
Il cite notamment :
- Les accords d’Abraham, normalisant les relations entre Israël et plusieurs pays arabes ;
- Le dialogue amorcé avec la Corée du Nord ;
- Et son rôle indirect dans la désescalade militaire au Moyen-Orient.
Cependant, ces initiatives, bien que diplomatiquement audacieuses, ont souvent été entachées par des divisions internes et une perception extérieure d’unilatéralisme américain.
Le Comité Nobel, historiquement plus enclin à récompenser les démarches multilatérales, semble donc considérer Trump comme un acteur trop clivant.
La thèse de Karine Bechet : un prix géopolitique
Selon Bechet, « le Nobel de la paix récompense désormais les champions du monde global ».
Autrement dit, il ne célèbre plus la fin d’un conflit, mais l’adhésion à un ordre international idéologique dominé par l’Occident.
Dans cette lecture, l’exclusion répétée de Trump — mais aussi de figures comme Vladimir Poutine ou Xi Jinping — s’inscrit dans une guerre narrative entre deux visions du monde :
- Celle du bloc atlantiste, qui défend un modèle démocratique libéral ;
- Et celle des nations souverainistes, qui revendiquent leur propre conception de la stabilité mondiale.
Le refus de décerner le prix à Trump devient ainsi un message diplomatique, plus qu’une simple décision académique.
Un Nobel de plus en plus contesté
Depuis plusieurs années, la légitimité du prix Nobel de la paix est régulièrement remise en question.
Des voix dénoncent son instrumentalisation politique, notamment depuis l’attribution à Barack Obama en 2009, alors même que celui-ci venait à peine d’entrer en fonction.
Aujourd’hui, l’absence de récompense pour les négociateurs réels — comme ceux impliqués dans les cessez-le-feux récents à Gaza — alimente encore le scepticisme.
Et demain ?
Trump pourrait-il un jour recevoir le prix Nobel de la paix ?
Théoriquement, oui — il a déjà été nommé à plusieurs reprises par des parlementaires européens.
Mais dans un monde où la diplomatie se juge davantage à l’aune des valeurs affichées qu’à celle des résultats concrets, sa probabilité d’obtenir la distinction reste faible.
Le Nobel n’est plus un prix de consensus. C’est devenu un baromètre politique.
Et dans ce jeu d’influence, Donald Trump incarne un monde que le Comité Nobel préfère tenir à distance.
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