Il est de ces créateurs qu’on n’attendait pas là, et qui, pourtant, redéfinissent les contours d’un art. Pharrell Williams, icône pop, producteur multi-grammé, chouchou des rédactions de mode depuis ses collaborations avec Chanel, est désormais aux commandes de la ligne homme de Louis Vuitton. Un virage audacieux, une évidence esthétique, et peut-être, un signe des temps.
Un luxe qui groove
Depuis sa nomination en 2023 à la tête de Louis Vuitton Homme, Pharrell n’a cessé de troubler les lignes. Héritier spirituel de Virgil Abloh, il en prolonge l’élan démocratique et culturel. Sans formation académique mais fort d’une vision ancrée dans les cultures urbaines, Pharrell injecte dans la maison fondée en 1854 un mélange rare de savoir-faire et de street wisdom.
Sa première collection, présentée sur le Pont-Neuf au cœur d’un Paris crépusculaire, avait la grâce d’un moment suspendu. Des damiers pixelisés, une bande-son signée de sa main, et des silhouettes à mi-chemin entre rêve et réalité. Le ton était donné : ici, on parle tailoring, mais avec les mots d’aujourd’hui.
Art, pop et spiritualité
Sous son regard, Vuitton devient un laboratoire. La panoplie de l’homme moderne — chapeaux dandy, workwear transformé, influences amérindiennes, clins d’œil à la côte Est — épouse une narration fluide, métissée, vibrante. L’homme Vuitton version Pharrell n’est pas un mannequin sans âme, c’est un archétype pluriel : cow-boy futuriste, joueur de foot-star, artiste en vestiaire d’apparat.
Et justement, l’un des gestes les plus commentés de 2025 fut sa collaboration avec le Real Madrid. Pour la première fois, Louis Vuitton signe les tenues officielles et bagages d’un club sportif mythique. Pharrell y injecte une élégance sobre, précise, au croisement du vestiaire militaire et de l’allure preppy — les crampons en moins, l’attitude en plus.
Un tailleur du XXIe siècle
À l’Unesco, lors de la présentation de sa collection printemps-été 2025, Pharrell explore une mode en mouvement : silhouettes aériennes, matières techniques, palettes célestes. La bande-son, toujours de sa main, murmure l’intention : Louis Vuitton n’est plus simplement un bagage de luxe, mais une promesse de voyage intérieur.
Avec Nigo, créateur japonais culte, il compose à quatre mains une garde-robe inspirée du workwear, des campus américains et d’une certaine idée de la masculinité tranquille. Pas de logo criard, pas de provocation vide. Juste du style, du sens, et une envie de réenchanter le vestiaire.
Pharrell, l’alchimiste
Qu’on le voie comme une rockstar du luxe ou comme un poète discret du vêtement, Pharrell Williams incarne un moment de bascule. Il n’invente pas un style, il propose une attitude : sensible, curieuse, polyphonique. Et c’est peut-être cela que la mode attendait — un directeur artistique qui parle autant au cœur qu’à l’œil.
L’info en plus : Pharrell prépare déjà sa prochaine collection SS2026, et les rumeurs bruissent d’un projet transversal touchant à la beauté et au parfum. Le luxe, chez lui, est un terrain d’expression. Et la maison Vuitton, son nouveau studio.