Par notre correspondant diplomatique
Paris – 5 juin 2025
Ce jeudi, Luiz Inácio Lula da Silva foule à nouveau les pavés républicains de la cour d’honneur de l’Élysée. Le président brésilien, figure tutélaire de la gauche latino-américaine, est en visite d’État à Paris. Si l’on s’attarde volontiers sur les apparats diplomatiques – garde républicaine, drapeaux croisés, dîner officiel – c’est bien une question autrement plus brûlante qui habite les salons dorés : celle du climat. Et derrière elle, un enjeu plus vaste encore : celui du rééquilibrage des puissances par l’écologie.
Une COP au cœur de la forêt, une diplomatie aux racines profondes
Le Brésil accueillera en novembre prochain la 30ᵉ Conférence des Nations unies sur le climat (COP30). L’événement se tiendra à Belém, au nord du pays, dans l’État du Pará, aux portes de l’Amazonie. Ce choix n’est pas qu’un geste : c’est une déclaration. Pour Lula, qui tente depuis son retour au pouvoir de redorer le blason environnemental du Brésil, il s’agit de montrer au monde une Amazonie non plus pillée mais protégée, une terre de solutions plutôt qu’un théâtre de désastre.
À Paris, cette ambition trouve un écho. Emmanuel Macron, qui se veut chantre d’une diplomatie climatique “exigeante mais équitable”, voit en Lula un allié sur la scène multilatérale, à la fois crédible et charismatique. L’Amazonie est désormais au cœur d’un projet plus vaste : celui d’un nouvel ordre écologique mondial où le Sud global ne serait plus un simple bénéficiaire d’aides, mais un partenaire stratégique à part entière.
Du climat aux contrats : une alliance élargie
Au menu de la visite : une douzaine d’accords bilatéraux dans les domaines de la technologie, de la santé, de la transition énergétique et de la défense. À l’arrière-plan, le spectre toujours sensible du Mercosur, cet accord de libre-échange entre l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique du Sud, sur lequel la France se montre toujours réservée, au nom de la préservation agricole et environnementale.
Paris et Brasilia avancent donc en funambules : convergents sur le fond, divergents parfois sur les modalités. Mais la volonté de dialogue l’emporte. Lula vient à Paris non pas quémander, mais construire. Macron, quant à lui, cherche à conjuguer verbe écologique et grammaire diplomatique, dans un contexte où la voix française peine à se faire entendre sur les grands dossiers géostratégiques.
La scène verte, nouvelle scène du pouvoir
Il serait naïf de croire que la COP30 ne sera qu’une conférence technique. Elle sera politique, pleinement. Car l’écologie, aujourd’hui, est un levier de puissance autant qu’un impératif moral. Le Brésil l’a compris. La France l’espère. Entre les deux, une alliance possible — et peut-être même nécessaire — pour refonder une gouvernance mondiale du climat qui ne soit ni moralisatrice, ni naïve.
La rencontre de ce jour n’est pas anecdotique : elle préfigure une transition du langage diplomatique vers celui des écosystèmes. À Paris, Lula n’est pas seulement un chef d’État : il est l’ambassadeur d’un poumon planétaire qui cherche encore sa respiration dans l’ordre du monde.
À suivre : Lula sera également présent ce vendredi à la Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice, aux côtés d’Emmanuel Macron. Un nouveau front bleu, en écho à la canopée verte