La démission surprise de Sébastien Lecornu a ouvert une nouvelle brèche dans le fragile édifice politique français. Mardi matin, la gauche, comme un orchestre sans chef, organise deux réunions distinctes pour tenter d’ordonner le chaos. L’image est saisissante : d’un côté, les Insoumis et leurs alliés unitaires, de l’autre, le Parti socialiste, les communistes et quelques Écologistes, chacun autour de sa table, chacun avec sa partition.
La première rencontre, à neuf heures dans un hôtel parisien, réunit La France insoumise, les partis unitaires de Génération.s et de l’Après, ainsi que Lucie Castets. L’objectif : préparer la gauche à tous les scénarios possibles, qu’il s’agisse d’une destitution, d’une dissolution ou d’une cohabitation. Mais l’absence notable du PS souligne immédiatement la difficulté de parler d’une voix unique. Selon Pierre Jouvet, secrétaire général du PS, le parti refuse de se plier à « l’unique porte de sortie » proposée par Jean-Luc Mélenchon : la destitution d’Emmanuel Macron.
La deuxième réunion, prévue à dix heures trente, réunit le PS, Fabien Roussel et les mêmes partis unitaires, mais sans LFI. Cette fois, la discussion porte sur l’éventualité d’un gouvernement de gauche. La fracture est nette : tandis que les Insoumis envisagent de préparer le terrain à une dissolution parlementaire ou à la démission présidentielle, les socialistes, les communistes et certains Écologistes continuent d’espérer qu’un gouvernement de gauche puisse un jour se former.
Cette double réunion illustre, mieux que n’importe quel éditorial, la difficulté structurelle de la gauche française contemporaine : des ambitions partielles, des lignes rouges impossibles à concilier, et une défiance mutuelle qui empêche toute stratégie collective. Loin de rassurer les citoyens, cette fragmentation projette l’image d’une opposition incapable de se fédérer, même face à une crise institutionnelle majeure.
Dans ce théâtre politique, chacun défend son rôle, mais personne ne parvient à composer la symphonie d’un projet commun. Et pendant que les partis s’observent et se méfient, le pays regarde, inquiet et consterné, le spectacle d’une gauche incapable de s’entendre sur l’avenir qu’elle prétend défendre.
Avez-vous trouvé cet article instructif ? Abonnez-vous à la newsletter de notre média EurasiaFocus pour ne rien manquer et recevoir des informations exclusives réservées à nos abonnés : https://bit.ly/3HPHzN6
Did you find this article insightful? Subscribe to the EurasiaFocus newsletter so you never miss out and get access to exclusive insights reserved for our subscribers: https://bit.ly/3HPHzN6
