Astana, le 28 mai 2025
Lors d’un point de presse tenu dans le cadre du Forum international d’Astana (AIF) 2025, le vice-ministre kazakh des Affaires étrangères, Roman Vassilenko, a réaffirmé le rôle central du Kazakhstan en tant que puissance régionale et défenseur mondial du dialogue, de la coopération et des réformes démocratiques.
Le Forum international d’Astana, devenu une plateforme mondiale en plein essor, accueille cette année environ 3 000 participants, dont des chefs d’État, des responsables gouvernementaux, des représentants d’organisations internationales, des PDG et des experts de premier plan.
« Le programme élargi du Forum reflète les défis mondiaux interdépendants d’aujourd’hui — de la sécurité énergétique et de la crise climatique à l’innovation technologique, au développement durable et à la coopération géopolitique », a déclaré Vassilenko. « Il offre une opportunité précieuse de rechercher des solutions collectives à des problématiques qui dépassent les frontières. »
Le Forum, qui s’est ouvert le 29 mai avec des interventions du président Tokaïev, du président Paul Kagame du Rwanda, de la présidente Gordana Siljanovska-Davkova de Macédoine du Nord et du secrétaire général du Conseil de l’Europe, Alain Berset, témoigne de l’influence croissante du Kazakhstan sur la scène diplomatique mondiale. Le lendemain, la Première Ministre italienne, Meloni, a tenu un discours pour souligner l’importance capitale du Kazakhstan, tant pour ses richesses comme les CRM, mais aussi sa position stratégique entre les deux continents.
Roman Vassilenko, vice-ministre des Affaires étrangères du Kazakhstan, a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’une politique étrangère équilibrée et multivectorielle, considérée comme une pierre angulaire de son développement indépendant. Il a souligné que la diplomatie demeure l’instrument principal du Kazakhstan pour naviguer dans un contexte géopolitique mondial de plus en plus tendu.
« Nous ne comptons que sur la meilleure diplomatie que nous puissions déployer, dans le but de créer des conditions favorables à notre développement indépendant », a-t-il déclaré.
Situé entre plusieurs grandes puissances, le Kazakhstan a façonné depuis plus de trente ans une politique étrangère qui vise à entretenir des relations constructives avec la Russie, la Chine, l’Occident collectif et ses voisins régionaux. Vassilenko a comparé cette approche à un tabouret à quatre pieds, illustrant l’idée que si l’un des piliers s’affaiblit, l’ensemble de la structure diplomatique devient instable.
« Nos relations avec nos voisins d’Asie centrale sont prioritaires. Ensuite viennent nos relations avec la Russie, puis avec la Chine, et enfin avec l’Occident », a-t-il précisé.
Cette orientation équilibrée se reflète également dans les investissements étrangers. Sur les 450 milliards de dollars investis au Kazakhstan, 200 milliards proviennent de l’Union européenne, et 60 milliards des États-Unis, qui sont ainsi le deuxième investisseur étranger. La Russie et la Chine figurent également parmi les cinq principaux investisseurs étrangers, soulignant le modèle économique ouvert et multilatéral du pays.
Vassilenko a également évoqué la participation active du Kazakhstan à diverses organisations régionales, telles que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l’Union économique eurasiatique (UEEA) et l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) — autant d’exemples de l’engagement international du pays.
Concernant la guerre en Ukraine, le vice-ministre a exprimé l’espoir d’un règlement pacifique, en précisant que le Kazakhstan maintient des relations diplomatiques avec Kyiv comme avec Moscou, et qu’il a récemment nommé de nouveaux ambassadeurs dans les deux capitales.
« Nous espérons naturellement que la guerre prendra fin et que nous pourrons développer des relations économiques plus durables avec l’Ukraine », a-t-il indiqué, tout en reconnaissant les limites actuelles dues au conflit.
Abordant les questions régionales, Vassilenko a insisté sur l’importance d’une coopération bilatérale et multilatérale renforcée en Asie centrale, en particulier sur des sujets cruciaux tels que la sécurité de l’eau et l’Afghanistan. Si certaines plateformes régionales comme les IFAs posent les bases du dialogue, il estime qu’une coopération plus substantielle sera nécessaire à court terme.
« Nous avons toujours fait de la diplomatie une priorité », a-t-il souligné, rappelant le rôle du Kazakhstan dans la création de plateformes de dialogue régionales et internationales.
Les partenariats stratégiques du Kazakhstan avec l’Union européenne et d’autres acteurs mondiaux se renforcent, notamment dans les domaines du commerce, des infrastructures et de l’approvisionnement en matières premières critiques essentielles pour les transitions verte et numérique.
Le Kazakhstan joue également un rôle stratégique dans l’agenda énergétique et climatique de l’Europe. La France, par exemple, dépend fortement de l’uranium pour alimenter son parc nucléaire.
« La contribution du Kazakhstan à la résilience économique de l’Europe dépasse largement la logistique. Le pays possède d’immenses réserves de matières premières critiques, essentielles aux technologies qui façonnent notre monde moderne, notamment les véhicules électriques, les systèmes d’énergies renouvelables et l’intelligence artificielle. Le Kazakhstan fournit déjà plus de 40 % de l’uranium mondial, indispensable aux centrales nucléaires, et produit plus de la moitié des 34 matières premières critiques considérées comme stratégiques par les marchés internationaux.
En juillet dernier, le Kazakhstan a rejoint le Forum du Partenariat pour la sécurité des minéraux, ouvrant la voie à une collaboration accrue. La société allemande HMS Bergbau met actuellement en œuvre un projet conjoint de développement de gisements de lithium dans la région de l’Est du Kazakhstan », a déclaré Roman Vassilenko.
La transformation remarquable du Kazakhstan au cours des dernières années a été l’un des points saillants de ce briefing. Vassilenko a détaillé les vastes réformes politiques et socio-économiques entreprises dans le pays :
« Les dernières années ont été une période de profonde transformation pour le Kazakhstan. Nous avons mis en œuvre de vastes réformes politiques et socio-économiques, organisé des élections parlementaires et locales, et modernisé notre système de gouvernance. »
Il a poursuivi :
« Le mandat présidentiel, sur initiative du président Tokaïev, a été limité à un seul mandat de sept ans sans possibilité de réélection ; le système électoral parlementaire a été modifié ; la Cour constitutionnelle a été rétablie, et des mesures visant à simplifier l’enregistrement des nouveaux partis politiques ont conduit à l’émergence de nouvelles formations, dont certaines sont aujourd’hui représentées au Parlement. Outre ces initiatives démocratiques, le Kazakhstan met activement en œuvre des réformes visant à protéger les droits humains et à renforcer l’État de droit. Si la poursuite des réformes intérieures demeure une priorité essentielle, nous restons fermement engagés sur le plan international. »
Vassilenko a conclu en rappelant le potentiel d’investissement exceptionnel du Kazakhstan :
« En tant que première économie d’Asie centrale – représentant 60 % des investissements étrangers dans la région, avec une croissance de 5,1 % en 2024 et de 6 % au cours des quatre premiers mois de 2025 – le Kazakhstan reste une destination de premier plan pour le commerce et les capitaux. Depuis 1993, notre pays a attiré environ 450 milliards de dollars d’IDE. »