Israël-Iran-Turquie : vers un chaos total sous couvert de menace nucléaire ?

Introduction

Les tensions au Moyen-Orient, particulièrement entre Israël, l’Iran et la Turquie, ont atteint un point critique en ce mois de juin 2025, alimentant des spéculations sur une possible escalade régionale, voire mondiale. Des frappes israéliennes en Iran, des opérations militaires en Syrie et des déclarations virulentes de leaders comme Devlet Bahçeli, allié nationaliste du président turc Recep Tayyip Erdoğan, soulèvent des questions : pourquoi Israël cible-t-il des zones où la Turquie exerce une influence ? La Turquie, en pleine montée en puissance militaire, est-elle la véritable cible ? Et quel rôle jouent les pays arabes dans ce contexte ? Cet article explore ces dynamiques complexes, s’appuyant sur des faits vérifiables et des sources récentes, tout en dénonçant les risques d’un conflit déstabilisateur.

1. Contexte géopolitique : un Moyen-Orient en mutation

Depuis la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre 2024, la Syrie est devenue un théâtre central des rivalités régionales. La Turquie, qui a soutenu les rebelles ayant renversé Assad, a consolidé son influence dans le nord de la Syrie, tandis qu’Israël intensifie ses frappes aériennes pour contrer toute menace émergente, notamment de groupes soutenus par l’Iran ou potentiellement liés à la Turquie. Parallèlement, l’Iran, affaibli par des sanctions et des frappes israéliennes, lutte pour maintenir son influence régionale, notamment via le Hezbollah au Liban et ses milices en Syrie.

Ces trois acteurs, Israël, l’Iran et la Turquie, poursuivent des objectifs stratégiques souvent incompatibles :

• Israël cherche à neutraliser les menaces iraniennes (notamment son programme nucléaire et ses proxies) et à limiter l’influence turque en Syrie, perçue comme la plus grande menace à moyen et long terme.
• L’Iran tente de préserver son « axe de résistance » (Hezbollah, milices chiites) tout en contrant les pressions israéliennes et américaines.
• Sous Erdoğan, la Turquie ambitionne de s’imposer comme puissance régionale dominante, consolidant sa présence militaire et économique en Syrie, tout en s’opposant aux manœuvres américaines et israéliennes qui instrumentalisent les forces kurdes.

Ces rivalités s’inscrivent dans un contexte plus large : le retrait partiel des forces américaines de Syrie, la levée des sanctions américaines contre le nouveau gouvernement syrien et l’alignement de certains pays arabes avec les États-Unis et Israël.

2. Les frappes israéliennes en Iran : une stratégie ciblée

En 2025, tout récemment, Israël a intensifié ses opérations contre l’Iran, notamment via des frappes aériennes visant des installations nucléaires et des infrastructures militaires. Selon des sources iraniennes, ces attaques visent à démanteler ce qu’Israël considère comme le « programme d’armement » iranien, malgré le fait que Téhéran insiste sur le caractère pacifique de ses installations nucléaires. Une centrale nucléaire aurait été touchée récemment, avec fuite radioactive signalée, mais l’impact psychologique et stratégique est sans précédent.

Pourquoi viser l’Iran ?

1. Neutraliser la menace nucléaire : Israël perçoit le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle. Les frappes visent à retarder ou empêcher l’Iran d’acquérir une capacité nucléaire militaire.
2. Affaiblir l’axe de résistance : En ciblant les infrastructures iraniennes, Israël cherche à couper les lignes d’approvisionnement en armes vers le Hezbollah et d’autres milices en Syrie et en Irak. La chute d’Assad a réduit l’influence iranienne en Syrie, offrant à Israël une opportunité stratégique.
3. Message régional : Ces frappes envoient un signal aux adversaires d’Israël, surtout la Turquie, que l’État hébreu est prêt à agir de manière décisive pour protéger ses intérêts.

Cependant, l’Iran n’est pas aussi démuni qu’il n’y paraît. Même si les sanctions et les frappes aient affaibli son économie et son arsenal conventionnel, Téhéran dispose encore de missiles balistiques, de drones et d’un réseau de proxies. Ses capacités sont indéniablement sous pression étant donné l’affaiblissement de son flan ouest (zones où sont focalisées des peuples turciques).

Une provocation régionale ?

La Turquie, parmi d’autres pays, a condamné ces frappes comme une « violation du droit international » et une « provocation claire ». Le président Erdoğan a accusé Israël de chercher à « entraîner la région dans le désastre ». Ces déclarations montrent une inquiétude croissante à Ankara : les actions israéliennes visent clairement à déstabiliser l’Iran et les ambitions turques dans la région. Comme le disait jadis Necmettin Erbakan, sachez qu’après l’effondrement de la Syrie, l’Irak et l’Iran, la Turquie sera l’objectif ultime des ennemis des peuples du Moyen-Orient.

3. Pourquoi Israël cible-t-il des zones d’influence turque ?

Les tensions entre Israël et la Turquie se sont exacerbées depuis la chute d’Assad, notamment en Syrie, où la Turquie a établi une forte présence militaire dans le nord. Israël a tout récemment effectué des frappes dans des zones sous influence turque (au Nord de la Syrie, à la frontière turque), comme l’aérodrome T4, pour empêcher Ankara d’y installer des défenses aériennes. De plus, des incidents ont été signalés où des chasseurs turcs ont brouillé les systèmes électroniques d’avions israéliens lors de raids en Syrie.

Les raisons des tensions israélo-turques

1. Concurrence pour l’influence en Syrie : la Turquie voit la Syrie post-Assad comme une opportunité pour étendre son influence, notamment en marginalisant les forces kurdes et en rapatriant les 3,3 millions de réfugiés syriens vivant sur son sol. Israël, en revanche, cherche à établir des zones tampons en Syrie méridionale pour élargir et étendre son territoire et anéantir l’influence turque, perçue comme potentiellement hostile en raison des positions anti-israéliennes d’Erdoğan, essentiellement sur le génocide des arabes Gazaouites en Palestine.
2. Crainte d’un axe turco-syrien anti-israélien : Israël s’inquiète que le nouveau leader syrien, Ahmad al-Sharaa, certes réticent à devenir un proxy turc, puisse définitivement s’aligner avec Ankara. Les frappes israéliennes visent à maintenir la Syrie dans un état de fragmentation, empêchant l’émergence d’un gouvernement central fort soutenu par la Turquie.
3. Montée en puissance militaire turque : La Turquie a considérablement renforcé ses capacités militaires, notamment via son industrie de défense (drones Bayraktar, systèmes anti-aériens, etc.). Des entreprises comme Aselsan émergent (hausse du cours boursier de plusieurs milliers de pourcentages en à peine quelques années, en effet il s’agit de l’entreprise de défense la plus agressive en termes de croissance) dans cette montée en puissance. Israël voit cette émergence comme une menace à long terme, surtout avec une Turquie qui consolide sa présence en Syrie.

Les déclarations de Devlet Bahçeli – Ambassadeur direct de l’État Profond Turc

Devlet Bahçeli, leader du Parti d’action nationaliste (MHP) et allié clé d’Erdoğan, a récemment affirmé que les frappes israéliennes contre l’Iran constituent un « message adressé à la Turquie » et que « la cible finale est la Turquie ». Il a qualifié ces attaques de « sournoises » contre la sécurité nationale turque et appelé à « stopper Israël par la force ». Ces propos, à ne pas prendre à la légère, montrent une perception croissante à Ankara : Israël cherche à contenir la Turquie en affaiblissant ses alliés régionaux (comme l’Iran) et en limitant son influence en Syrie.

4. Les attaques israéliennes en Syrie : un message à la Turquie ?

Depuis la chute d’Assad, Israël a multiplié les frappes en Syrie, ciblant des sites militaires, des dépôts d’armes, et même des zones proches du palais présidentiel à Damas. Certaines de ces opérations ont visé des zones sous contrôle ou influence turque, alimentant les tensions avec Ankara. Par exemple, en avril 2025, Israël a bombardé la base aérienne T4 pour empêcher la Turquie d’y établir des systèmes de défense.

Objectifs israéliens en Syrie

1. Prévenir une présence militaire turque permanente : Israël s’oppose à l’établissement de bases militaires turques en Syrie, craignant qu’elles ne limitent sa liberté d’action aérienne. Un accord a été conclu en mai 2025 pour établir une ligne de communication directe entre Israël et la Turquie afin d’éviter des affrontements accidentels.
2. Contenir les groupes armés : Israël cible des factions sunnites ou islamistes qui pourraient être soutenues par la Turquie, par crainte qu’elles ne deviennent une menace à long terme, même si le gouvernement d’al-Sharaa réprime actuellement des groupes comme l’EI ou Al-Qaïda.
3. Maintenir la fragmentation syrienne : En affaiblissant le gouvernement syrien naissant, Israël cherche à empêcher l’émergence d’un État unifié qui pourrait s’aligner avec la Turquie ou l’Iran.

Ces actions ont été condamnées par la présidence syrienne comme des « attaques répréhensibles » visant à « déstabiliser le pays ». Damas a appelé les pays arabes et la communauté internationale à intervenir, sans grand succès.

5. L’inaction des pays arabes : une domination américaine, israélienne ou trahison claire de leur propre ethnie ?

Les pays arabes, notamment l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar, ont adopté une posture relativement passive face aux actions israéliennes en Iran et en Syrie. Cette inaction peut être expliquée par plusieurs facteurs :

1. Alignement avec les États-Unis : Depuis la levée des sanctions américaines contre la Syrie en mai 2025, annoncée par Donald Trump lors d’une rencontre avec al-Sharaa et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, les pays du Golfe se sont rapprochés du nouveau gouvernement syrien, en partie pour contrer l’influence iranienne. Cet alignement limite leur volonté de critiquer Israël, allié clé des États-Unis.
2. Rivalités régionales : Les pays arabes sunnites, comme l’Arabie saoudite, voient la chute d’Assad et l’affaiblissement de l’Iran comme des opportunités stratégiques. Leur soutien à la Turquie est tempéré par des rivalités historiques, notamment avec le Qatar, qui a soutenu les mêmes rebelles que la Turquie pendant la guerre civile syrienne.
3. Pression israélienne : Certains analystes estiment que les pays arabes, conscients de la supériorité militaire israélienne, évitent de s’opposer ouvertement à ses actions pour ne pas compromettre leurs relations avec Washington ou Tel-Aviv.

Cette passivité a été critiquée par des commentateurs en Turquie et en Iran, qui accusent les pays arabes d’être « dominés » par les intérêts américains et israéliens. Néanmoins, cette vision simplifie une réalité complexe : les pays arabes poursuivent leurs propres agendas, souvent en équilibrant leurs relations avec la Turquie, l’Iran, et les puissances occidentales.

6. Arz-ı Mevud et les accusations de guerre mondiale

Le projet expansionniste appelé « Arz-ı Mevud » (la Terre promise), engloberait des territoires allant du Nil à l’Euphrate, incluant des parties de la Turquie, de la Syrie, et de l’Iran. Selon certaines sources juives, les actions israéliennes viseraient à provoquer une troisième guerre mondiale pour réaliser cet objectif ultime.

Risques d’escalade mondiale

Cela dit, les tensions actuelles comportent un risque réel d’escalade. Les frappes israéliennes, combinées aux rivalités entre la Turquie, l’Iran et les puissances arabes, pourraient entraîner des erreurs de calcul. Par exemple, un affrontement direct entre avions turcs et israéliens en Syrie, comme celui signalé en mai 2025, peut dégénérer. De plus, la rhétorique incendiaire de leaders comme Bahçeli, qui appelle à « stopper Israël par la force », alimente un climat de confrontation.

7. Conclusion : vers une désescalade ou un conflit régional ? (Suite)

Les tensions entre Israël, l’Iran et la Turquie, exacerbées par les événements en Syrie et les récents bombardements acharnés d’Israël, montrent une lutte pour le pouvoir dans un Moyen-Orient en pleine mutation. La chute du régime de Bachar el-Assad en décembre 2024 a bouleversé l’équilibre régional, ouvrant la voie à une compétition intense entre ces trois acteurs majeurs, chacun poursuivant des objectifs stratégiques distincts. Israël intensifie ses frappes aériennes en Iran et en Syrie, visant à contrer l’influence iranienne et turque. La Turquie, sous la direction de Recep Tayyip Erdoğan, renforce sa présence militaire dans le nord de la Syrie, tandis que l’Iran, affaibli mais résilient, lutte pour maintenir son réseau d’influence régionale. Dans ce contexte, l’inaction relative des États arabes, souvent alignés sur les États-Unis et Israël, alimente les spéculations sur leur rôle et complique davantage la situation.

La fin de la guerre civile syrienne n’a pas marqué un retour à la paix, mais plutôt l’émergence d’une nouvelle phase de rivalités. Avec la disparition d’Assad le boucher à l’origine de plus de 600.000 morts et des millions de déportés, la question de savoir qui façonnera l’avenir de la Syrie est devenue vitale. Chaque acteur a des ambitions bien définies :

• Israël cherche à neutraliser les menaces immédiates, notamment l’influence iranienne et ses proxies, en empêchant l’émergence d’une Syrie forte et hostile à ses frontières. Ses frappes en Syrie, y compris dans des zones sous influence turque, visent à préserver sa liberté d’action militaire.
• L’Iran, malgré les sanctions et les attaques israéliennes, s’efforce de maintenir son “axe de résistance” (Hezbollah, milices chiites en Irak et en Syrie). La Syrie reste un corridor stratégique pour Téhéran, mais la perte d’Assad a fragilisé sa position.
• La Turquie voit dans la Syrie post-Assad une opportunité d’étendre son influence. En renforçant sa présence militaire dans le nord, elle vise à contenir les milices terroristes comme le YPG, rapatrier des réfugiés syriens et affirmer son statut de puissance régionale.

Ces objectifs se heurtent dans un espace restreint, transformant la Syrie en un champ de bataille par procuration. Les incidents, comme celui de mai 2025 où des jets turcs auraient brouillé des avions israéliens lors d’un raid, illustrent la précarité de la situation.

L’inaction apparente des États arabes, notamment l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar, suscite des critiques. En Turquie et en Iran, on les accuse d’être sous la coupe des États-Unis et d’Israël. Cependant, leur attitude s’explique par plusieurs facteurs :

• La levée des sanctions américaines sur la Syrie en mai 2025, après une rencontre entre Donald Trump, le président syrien Ahmad al-Sharaa et Mohammed ben Salmane, reflète une volonté de soutenir le nouveau gouvernement syrien tout en contrant l’Iran.
• Les divisions entre États arabes, notamment entre Riyad et Doha, limitent leur capacité à agir de manière unifiée.
• La puissance militaire d’Israël dissuade toute confrontation directe, poussant ces pays à privilégier la diplomatie.

Pour éviter le pire, plusieurs mesures s’imposent :

• Dialogue régional : une plateforme multilatérale (sous l’égide de l’ONU ou des États-Unis) pour établir des règles d’engagement.
• Stabilisation de la Syrie : soutenir le gouvernement d’Ahmad al-Sharaa pour éviter que le pays ne reste un terrain de conflit.

Ces étapes nécessitent une volonté politique forte, sans laquelle la région risque de basculer dans le chaos.

Les tensions entre Israël, l’Iran et la Turquie ne sont pas une fatalité. Un dialogue régional, une Syrie stable et une rhétorique modérée peuvent ouvrir la voie à la paix. Mais le temps presse : chaque action militaire ou provocation réduit les chances d’une résolution pacifique. La communauté internationale doit jouer un rôle actif pour éviter une guerre aux conséquences désastreuses.

Pour approfondir et mieux comprendre les enjeux géopolitiques actuels au Moyen-Orient

Les tensions actuelles entre Israël, l’Iran et la Turquie ne sont pas le fruit du hasard. Elles s’inscrivent dans une histoire beaucoup plus longue, où l’émergence des puissances turques joue un rôle central. Pour celles et ceux qui souhaitent décrypter en profondeur ces dynamiques complexes et comprendre comment les racines historiques influencent encore aujourd’hui les ambitions régionales, je recommande l’ouvrage : L’origine et la renaissance des peuples turcs de Fatih AK, publié chez Eurasia Focus.

À travers cette fresque historique passionnante, l’auteur retrace l’ascension des peuples turcs, de l’Asie centrale aux enjeux stratégiques actuels du Moyen-Orient. Il met en lumière comment l’idéal turcique, toujours vivant, façonne aujourd’hui la posture géopolitique d’Ankara face aux provocations d’acteurs extérieurs, qu’il s’agisse des puissances occidentales, des réseaux d’influence israéliens ou des rivalités énergétiques régionales.

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