Lors d’un Forum spécial organisé à Bruxelles par l’HEPA et l’Organisation des États turcs, le secrétaire général de l’Organisation des Etats turciques, Kubanychbek Omuraliev (photo) accordé une interview à Derya Soysal de EU Reporter, le 5 Mars 2025, à Bruxelles.
1. Quelles mesures importantes l’Organisation des États turcs (OET) a-t-elle prises ces dernières années ? écrit Derya Soysal.
Ces dernières années, l’Organisation des États turcs a pris de nombreuses mesures importantes pour renforcer la coopération entre nos pays et accroître notre présence sur la scène mondiale.
Nous avons élargi notre coopération multilatérale à 35 domaines différents, allant de la politique étrangère et du commerce à l’énergie, l’économie verte, le tourisme, la numérisation et même la recherche spatiale.
La coopération économique entre les États membres de l’Organisation des États turcs constitue un aspect essentiel et dynamique de l’intégration et de la collaboration globales au sein du monde turc.
L’un des principaux mécanismes que nous avons mis en place pour renforcer la coopération est le Chambre de commerce et d’industrie turque (TCCI), qui constitue une plate-forme clé pour le renforcement des relations commerciales entre nos États membres.
En outre, le Fonds d’investissement turc (TIF) est une autre étape importante. Initialement lancé avec un capital de 500 millions de dollars, le fonds a maintenant atteint 600 millions de dollars avec l’adhésion de la Hongrie, soutenant les investissements mutuels, favorisant l’innovation et encourageant l’entrepreneuriat, en particulier au sein des PME. Le Fonds devrait être activé cette année et commencer à investir dans des projets concrets dans notre région.
Un autre développement majeur est la Comité de facilitation des échanges (TFC), qui vise à rationaliser les processus commerciaux, à supprimer les obstacles et à améliorer l’environnement commercial global dans la région.
Lors du récent sommet de Bichkek, nous avons signé l’accord de partenariat pour l’économie numérique, qui marque une avancée majeure vers le commerce numérique et la transformation au sein de notre région.
Bien que le potentiel d’expansion des échanges commerciaux dans notre région soit énorme – compte tenu de sa position stratégique au carrefour de l’Est et de l’Ouest, du Nord et du Sud – il reste encore des obstacles à surmonter. Selon les résultats définitifs de 2024, Les États membres de l’OTS se classent au 12e rang mondial en termes de PIB total, avec un volume d’échanges extérieurs combiné de 1.1 billion de dollars. Toutefois, les échanges intra-étatiques entre les États membres de l’OTS représentent actuellement seulement autour de 7% Sur ce total (le chiffre d’affaires total des États membres de l’OTS en 2024 était de 850 milliards USD), soit environ 58.17 milliards USD. Il y a quelques années, ce chiffre n’était que de 3 %, nous constatons donc une croissance encourageante. Notre objectif est désormais de porter cette part à 10 % le plus rapidement possible.
Pour y parvenir, nous nous attaquons aux obstacles en matière de transport et de logistique, avec des projets à long terme comme le Couloir du milieu, Il s’agit d’une initiative stratégique clé reliant l’Asie à l’Europe. En passant par nos États membres, elle offre des avantages incomparables. Elle est 2,000 15 kilomètres plus courte que le corridor nord et peut acheminer des marchandises de la Chine vers l’Europe trois fois plus vite que les voies maritimes, soit en seulement XNUMX jours.
Les améliorations des infrastructures le long du corridor central devraient tripler le volume de marchandises transportées d’ici 2030, pour atteindre 11 millions de tonnes. Un élément essentiel de ce corridor est le projet de chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan, qui réduira considérablement les distances de transit et a le potentiel de transporter jusqu’à 15 millions de tonnes de marchandises par an. Ces dernières années, nous avons assisté à une croissance substantielle du transport de marchandises le long de cette route. Au cours des 11 premiers mois de 2024, le volume de marchandises transportées le long du corridor central a bondi de 63 %, pour atteindre 4.1 millions de tonnes.
Nous avons également réalisé des progrès significatifs en matière de coopération dans les domaines des transports et des douanes. Des accords tels que Corridor douanier simplifié, transport international combiné de marchandises et initiatives de numérisation telles que E-Permit, E-CMR et E-TIR contribuent à rationaliser la logistique et à améliorer l’efficacité commerciale. Tous ces efforts contribuent à notre objectif plus large d’approfondir l’intégration économique régionale et d’améliorer les flux commerciaux entre nos États membres.
Compte tenu de la situation stratégique des pays membres de l’OTS, le corridor central constitue une voie de transit vitale pour les pays de l’UE qui recherchent des voies alternatives et efficaces vers l’Asie. L’UE peut exploiter le potentiel de la région de l’OTS en s’engageant dans des projets collaboratifs qui améliorent les infrastructures, harmonisent les réglementations et favorisent des échanges commerciaux fluides. Nous sommes prêts à servir de passerelle pour le transit, en facilitant non seulement la circulation des marchandises, mais aussi en favorisant la coopération économique et la prospérité mutuelle entre l’Est et l’Ouest.
La coopération en matière de sécurité est tout aussi essentielle à notre travail. Nous avons mis en place des mécanismes clés de collaboration, notamment des consultations régulières sur les questions politiques et de sécurité, le partage de renseignements et l’élaboration de politiques et de procédures de sécurité. un mécanisme de protection civile pour répondre aux catastrophes naturelles et aux situations d’urgence.
En matière d’éducation et de culture, nous avons également réalisé des progrès remarquables. L’Union des Universités Turques, qui regroupe aujourd’hui plus de 100 universités, facilite la coopération universitaire et promeut des normes éducatives communes.
Culturellement, les Jeux Nomades Mondiaux, lancés par le Kirghizistan en 2012, sont devenus une célébration mondiale de notre héritage nomade commun, attirant des participants du monde entier. La 6e édition à venir au Kirghizistan en 2026 promet de s’appuyer sur cet héritage.
Nous avons également mis en lumière le riche patrimoine culturel de notre région à travers la Projets « Route turque de la soie » et « Tabarruk Ziyarat ».
En outre, le Secrétariat a élaboré et signé des plans de travail ciblés et des protocoles d’accord avec des organismes internationaux clés, notamment des institutions des Nations Unies telles qu’ONU-Habitat, l’OMS et l’ONUDI. Nous avons notamment signé un protocole d’accord avec ONU-Habitat pour promouvoir le développement urbain et la durabilité, ainsi qu’une déclaration commune avec l’ONUDI axée sur l’énergie propre et la durabilité. En outre, le plan d’action 2024-2025 avec l’OMS guidera notre collaboration pour améliorer la préparation aux situations d’urgence, renforcer les systèmes de santé et promouvoir le bien-être dans notre région.
La « Semaine turque » à Genève en 2024 a été un événement marquant qui a mis en valeur notre unité et notre collaboration. Nous prévoyons déjà d’organiser des événements similaires dans d’autres capitales internationales, poursuivant ainsi notre travail visant à accroître notre visibilité et à promouvoir nos valeurs à l’échelle mondiale.
En bref, l’OTS a fait des progrès significatifs dans la création d’une région plus intégrée, plus prospère et plus sûre, avec une vision claire de l’avenir. Nous sommes déterminés à renforcer les liens entre nos États membres et à étendre notre influence mondiale, en favorisant un avenir commun de paix, de prospérité et d’échanges culturels.
2. Peut-on vraiment dire qu’il existe un fort sentiment d’unité entre les États membres ?
Oui, sans aucun doute. Les États turcs sont bien plus que de simples partenaires. Nous sommes des nations fraternelles. Notre lien va au-delà du commerce ou de la politique : il s’agit d’un lien qui se développe depuis des siècles. Cette unité vient de nos valeurs, de notre langue, de notre culture et de notre histoire communes, ainsi que de nos objectifs communs pour l’avenir. Nous sommes unis par notre passé et nos espoirs pour l’avenir, ce qui rend notre coopération forte et durable.
3. Derya SOYSAL: Est-il possible que l’OTS évolue vers une organisation de type européen à l’avenir ?
Je tiens à souligner que notre objectif principal a toujours été de renforcer les liens entre les États turcs et de construire une base solide pour une coopération mutuellement bénéfique. Nous valorisons notre patrimoine culturel, historique et linguistique unique, qui sert de base à l’approfondissement de l’intégration dans des domaines tels que l’économie, la culture, la sécurité et l’éducation.
Il est toutefois important de noter que l’avenir de l’Europe de l’Est ne doit pas nécessairement suivre le même chemin que celui de l’Union européenne. L’UE est un exemple d’intégration politique et économique, mais son parcours a été façonné par des conditions historiques et politiques spécifiques qui ne correspondent peut-être pas entièrement aux réalités de nos États membres.
Nous sommes néanmoins déterminés à approfondir notre coopération dans le domaine économique, en soutenant des projets visant à développer le commerce, la logistique, le tourisme et d’autres domaines clés.
À l’avenir, il est possible que l’OTS évolue vers une union plus intégrée et plus influente. Cependant, ce processus dépendra de la volonté de nos États membres de travailler ensemble et de trouver un terrain d’entente sur des questions importantes. Il est essentiel que chaque pays préserve sa souveraineté, tandis que l’OTS reste une plateforme d’efforts collaboratifs visant à faire progresser les intérêts de nos peuples et de nos nations.
L’OTS a donc le potentiel de se développer progressivement et de renforcer sa position sur la scène internationale, mais sous une forme unique qui s’aligne sur les intérêts et les valeurs de nos États.
4. Quels sont les plus grands défis auxquels l’OTS est actuellement confrontée ?
L’OTS est confrontée à plusieurs défis, notamment le faible volume des échanges intra-OTS, qui ne représente que 7 % du volume total des échanges extérieurs de ses États membres. Bien que des progrès soient réalisés, l’Organisation doit s’attaquer aux obstacles dans les transports et la logistique pour renforcer davantage la coopération commerciale et économique. Un autre défi consiste à approfondir l’intégration politique tout en équilibrant les intérêts divers de ses États membres. En outre, à mesure que l’OTS étend son influence internationale, elle doit gérer les complexités de l’équilibre des relations avec d’autres organisations mondiales, telles que l’UE, l’ONU et l’OSCE, pour renforcer sa position diplomatique et économique.
5. Où voyez-vous l’OTS dans les cinq prochaines années et comment l’OTS peut-il renforcer son rôle et son influence dans la politique mondiale ?
Au cours des 15 dernières années, l’Organisation des États turcs a accompli des progrès impressionnants dans la promotion de l’unité, le renforcement de la coopération et la promotion du développement durable entre ses États membres et observateurs. En ce qui concerne l’avenir, nous nous sommes fixé des objectifs encore plus ambitieux.
Un document d’orientation clé pour notre travail est le Vision du monde turc – 2040, qui décrit nos objectifs stratégiques à long terme. Cette vision est centrée sur plusieurs domaines prioritaires, notamment l’approfondissement de l’intégration économique, l’accélération de la transformation numérique, la garantie de la durabilité environnementale et le renforcement de la sécurité. Ces objectifs façonneront la trajectoire de l’OTS dans les années à venir.
En ce qui concerne plus particulièrement l’horizon 2025, nous nous concentrons sur l’élargissement de la coopération dans divers secteurs. Sous la présidence du Kirghizistan, le thème de la année « Donner du pouvoir au monde turc : intégration économique, développement durable, avenir numérique et sécurité pour tous », Ce qui résume l’essence de nos ambitions. Nous sommes déterminés à construire un monde turc plus interconnecté, plus résilient et plus tourné vers l’avenir.
Premièrement, deux sommets de haut niveau sont prévus : un sommet informel en Hongrie et le 12ème Sommet en Azerbaïdjan. Ces sommets seront essentiels pour élaborer des décisions stratégiques et faire avancer des initiatives clés. En outre, ils serviront de plateformes essentielles pour évaluer l’avancement des projets en cours, renforcer la coopération et définir de nouvelles priorités pour les États membres de l’OTS.
L’un de nos principaux objectifs est de continuer à renforcer et à élargir la coopération dans les 35 domaines de collaboration existants. En particulier, nous continuerons à mettre en œuvre les décisions prises lors des sommets de Choucha et de Bichkek, en veillant à ce que toutes les initiatives progressent comme prévu et continuent à apporter des avantages tangibles aux États membres.
Une attention particulière sera également portée à l’avancement de l’Accord de libre-échange dans le domaine des investissements et des services. Cette initiative vise à promouvoir la croissance économique en supprimant les obstacles à l’investissement et au commerce entre les États membres, créant ainsi un espace économique plus homogène et intégré.
Pour assurer la mise en œuvre efficace et sans heurts de nos initiatives, l’OTS continuera à renforcer la coordination entre les organisations de coopération turque. Des réunions régulières du Comité de coordination seront organisées pour garantir que nos objectifs stratégiques sont mis en œuvre efficacement et que nous restons sur la bonne voie pour atteindre nos objectifs.
En bref, au cours des cinq prochaines années, l’OTS prévoit de continuer à renforcer la coopération interne, d’élargir les partenariats internationaux et de participer activement aux initiatives mondiales, ce qui aidera l’organisation à renforcer son rôle dans les affaires internationales.
En somme, le secrétaire général de l’Organisation des États turcs, S.E. l’ambassadeur Kubanychbek Omuraliev a souligné que l’Organisation des Etats turciques connaît une croissance et que la coopération entre les Etats Membres ne cessent d’augmenter. Il a noté que les États membres de l’OTS se classent au 12e rang mondial en termes de PIB total, avec un volume d’échanges extérieurs combiné de 1.1 billion de dollars de ce fait ces pays réunis forment un bloc de puissance qui pourrait influencer les environnements régionnantes. Sans compter que la coopération culturelle ne cesse d’augmenter.
Interview : Kubanychbek Kasymovich Omuraliev – Reporter de l’UE