Un sondage de l’Institut CSA réalisé pour CNEWS, Europe 1 et le Journal du Dimanche (JDD), publié la veille du début de l’examen à l’Assemblée du projet de loi de finances 2026, révèle que 76 % des Français estiment qu’il faudrait en premier lieu réduire les dépenses publiques pour abaisser la dette. CNEWS+2Europe 1+2
Cette forte orientation de l’opinion publique représente un signal politique clair, mais cache aussi des clivages significatifs — notamment par catégorie socioprofessionnelle et affinité politique.
Un consensus majoritaire mais des fractures
L’idée que la dépense publique doit être la cible prioritaire pour réduire l’endettement remporte un large assentiment : 76 % des sondés y sont favorables. Europe 1+1 Le soutien atteint 79 % parmi les hommes (vs 74 % chez les femmes) et 78 % parmi les CSP + (contre 74 % des CSP -) ; parmi les 18-24 ans, la proportion monte à 86 %. CNEWS
Cependant, lors de l’analyse par appartenance politique, le soutien s’amenuise : alors que 90 % des sympathisants de droite ou du centre-droit approuvent la mesure, seuls 48 % des sympathisants de la La France Insoumise (LFI) sont favorables. CNEWS+1
Ce contraste montre que si la réduction des dépenses publiques apparaît comme un choix « populaire », il reste fortement marqué par l’idéologie et le positionnement dans l’échiquier politique.
Pourquoi ce réflexe de priorité à la dépense ?
Plusieurs facteurs expliquent pourquoi une telle majorité estime prioritaire la réduction des dépenses.
- Le contexte budgétaire : la France fait face à un endettement élevé, un déficit persistant et une dynamique de croissance modérée, ce qui rend les choix publics plus sensibles.
- Le ressenti collectif : un niveau élevé d’inquiétude vis-à-vis de la soutenabilité de la dette et de l’avenir des finances publiques. Europe 1
- Une logique de « faire des économies » qui paraît plus immédiate et tangible que celle de l’augmentation des recettes ou de la croissance.
 Dans cette optique, réduire les dépenses devient un levier perçu comme « maîtrisable » et relativement concret aux yeux des citoyens.
En quoi cela influence le débat sur le budget 2026 ?
Avec l’examen du projet de loi de finances 2026 au Parlement, les résultats de ce sondage tombent à un moment stratégique. Ils peuvent :
- Servir de pression politique pour les décideurs afin de mettre en avant des mesures de maîtrise de la dépense.
- Influencer le discours des partis et de l’exécutif, qui pourraient ajuster leurs priorités pour cadrer avec cette attente populaire.
- Donner un levier à l’opposition ou aux groupes critiques pour contester les arbitrages budgétaires s’ils ne semblent pas aller dans ce sens.
 Ainsi, ce sondage ne constitue pas seulement une photographie de l’opinion, mais agit comme un indicateur des marges de manœuvre politique.
Les limites et défis de ce choix
Réduire la dépense publique est une option politique mais elle n’est pas sans risques ni compromis :
- Toutes les dépenses ne sont pas identiques : certaines sont structurelles (santé, éducation, incapacité à réduire rapidement sans effondrer le service public).
- Le risque d’un double déficit ou d’un choc social si la réduction est trop brutale ou mal calibrée.
- Le fait que l’augmentation des recettes (via fiscalité, prélèvements) est souvent politiquement plus coûteuse mais indispensable dans certains cas.
- Le décalage possible entre la perception populaire (réduire les dépenses) et la complexité effective des arbitrages budgétaires.
 C’est donc un équilibre délicat entre attentes citoyennes et contraintes techniques.
Une feuille de route pour les décideurs
Pour répondre à cette priorité citoyenne de façon crédible, les décideurs pourraient :
- Identifier clairement quels postes de dépenses peuvent être revus sans remettre en cause les missions fondamentales de l’État.
- Accompagner les coupes ou redéploiements par une communication transparente pour expliquer le « quoi », le « pourquoi » et le « comment ».
- Consolider une trajectoire de réduction de la dette qui soit crédible pour les marchés et les agences de notation, tout en préservant la cohésion sociale.
- Mettre en œuvre une réforme de structure, non pas seulement des coupes ponctuelles, pour répondre à l’ambition de long terme d’une action publique plus efficace.
Conclusion
Le sondage montre un désir clair chez une large majorité de Français : que la dépense publique soit la priorité dans la lutte contre la dette. Le mot-clé « réduction des dépenses publiques » résume cette aspiration collective. Toutefois, derrière cette unanimité de façade se cachent des divergences selon la catégorie socioprofessionnelle et l’orientation politique. Pour l’exécutif, la feuille de route est ainsi tracée : traduire cette attente en arbitrages budgétaires crédibles sans déclencher de réactions socio-politiques majeures. Le débat autour du budget 2026 sera sans doute l’occasion de mesurer si l’action publique s’alignera avec cette attente populaire.
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