Le 1er mai 2025, les États-Unis et l’Ukraine ont signé un accord majeur pour créer un fonds d’investissement conjoint destiné à la reconstruction de l’Ukraine, financé notamment par l’exploitation de ses ressources naturelles. Cette signature intervient après une rencontre tendue en février à la Maison-Blanche, où Donald Trump avait accusé le président Zelensky d’ingratitude, menaçant même la poursuite du soutien américain. Malgré cet incident, les deux dirigeants se sont brièvement rencontrés à Rome lors des funérailles du pape François, permettant de relancer le dialogue et d’aboutir à cet accord stratégique.
Un partenariat économique et politique
Ce nouveau partenariat ne se limite pas à une simple coopération économique. Il marque une étape importante dans les relations géopolitiques entre les deux pays. L’accord vise à attirer des investissements privés dans l’extraction de ressources naturelles, avec une gestion conjointe du fonds par les deux gouvernements. Pour Trump, ce “deal” symbolise à la fois une réponse à ses promesses électorales et une stratégie pour renforcer l’influence américaine en Europe de l’Est. Pour Zelensky, c’est une opportunité de relancer l’économie ukrainienne tout en garantissant un soutien militaire et financier continu.
Un trésor minéral convoité
L’Ukraine dispose d’un sous-sol exceptionnellement riche. On y trouve du lithium, du titane, du graphite, du cobalt et de nombreux autres minerais critiques, indispensables aux technologies vertes, à l’électronique et à l’industrie de défense. Avant la guerre, le secteur minier ukrainien était déjà en développement, avec une main-d’œuvre qualifiée et une infrastructure industrielle en place. L’objectif est désormais de redonner vie à ce secteur stratégique avec l’aide américaine, tout en réduisant la dépendance mondiale à la Chine pour l’approvisionnement en terres rares.
Des obstacles majeurs à surmonter
Malgré le potentiel immense de l’Ukraine, plusieurs défis ralentissent la mise en œuvre de ce partenariat. D’abord, une grande partie des zones riches en ressources – notamment dans l’est du pays – se trouve toujours sous occupation russe, ce qui empêche tout accès sécurisé aux gisements. Ensuite, les infrastructures énergétiques sont endommagées, et les cartes géologiques actuelles sont dépassées. Enfin, la situation sécuritaire instable représente un frein important aux investissements à long terme dans le secteur minier, où chaque projet nécessite des décennies de développement.
Une reconstruction sous conditions
Le fonds d’investissement signé prévoit que l’Ukraine conservera la pleine propriété de ses ressources et décidera elle-même des projets à exploiter. 50 % des revenus issus de nouveaux projets seront versés au fonds commun, mais les projets existants comme Naftogaz en sont exclus. Les États-Unis, en contrepartie, obtiennent des droits de négociation préférentiels pour les futurs contrats d’approvisionnement en minerais. L’accord exclut aussi tout acteur ayant soutenu l’effort de guerre russe, affirmant ainsi une position ferme contre Moscou.
Vers un modèle de diplomatie minérale ?
Cet accord pourrait devenir un modèle pour les futures relations économiques entre les États-Unis et d’autres pays riches en ressources, comme la République démocratique du Congo. Il reflète une approche “transactionnelle” du gouvernement Trump, mêlant intérêts géopolitiques et économiques. Toutefois, sans paix durable en Ukraine et sans garanties de sécurité claires, il reste incertain si cet ambitieux partenariat portera ses fruits. La reconstruction de l’Ukraine passe désormais aussi par l’exploitation stratégique de ses richesses naturelles – mais cela prendra du temps, de la stabilité et beaucoup d’engagement.