Il fascine autant qu’il dérange. Elon Musk, entrepreneur aux mille visages — ingénieur messianique pour les uns, milliardaire incontrôlable pour les autres — semble incarner l’époque dans ce qu’elle a de plus incandescent. Mais à mesure que son génie vire à la transe médiatique, des voix s’élèvent, derrière les rideaux des salons californiens et les couloirs feutrés de la Silicon Valley, pour évoquer une autre facette du personnage : celle d’un homme dont la créativité serait, peut-être, chimiquement augmentée.
Selon plusieurs témoins cités par des sources américaines concordantes, le patron de Tesla, SpaceX et X (ex-Twitter) consommerait régulièrement — à des fins dites fonctionnelles ou récréatives — un cocktail de substances allant de la kétamine à l’ecstasy, en passant par les champignons hallucinogènes. À cela s’ajouteraient des pilules de type Adderall, psychostimulant initialement prescrit contre le trouble de l’attention, prisé dans les milieux de la haute performance cognitive.
Une créativité dopée au milligramme près ?
Il ne s’agit pas là d’une quelconque dérive marginale, mais d’un phénomène bien ancré dans la mythologie technophile de la Silicon Valley : celle du « biohacking », de l’homme augmenté, de l’esprit toujours en veille. À la manière d’un Steve Jobs confessant avoir puisé dans le LSD ses intuitions fondatrices, Elon Musk pourrait faire figure d’héritier moderne du savant fou — entre transcendance et dérèglement.
Les rumeurs ne sont pas neuves, mais elles s’intensifient à mesure que le comportement de Musk dévie des protocoles traditionnels de la communication d’entreprise. Ses tweets nocturnes, ses prises de position erratiques, ses décisions brutales — notamment le rachat précipité de Twitter ou ses provocations géopolitiques — laissent entrevoir une instabilité dont certains anciens collaborateurs murmurent qu’elle ne serait pas entièrement naturelle.
La Silicon Valley, théâtre d’une économie sous psychotropes
La question n’est pas tant de moraliser que de comprendre. Car au-delà du cas Musk, c’est tout un imaginaire contemporain qui se joue ici : celui d’une élite technologique pour qui le corps n’est plus une limite, mais une interface à optimiser. Le recours à la kétamine, aujourd’hui prescrite dans certains cas de dépression résistante, comme à l’Adderall, détourné à des fins de productivité extrême, participe d’un culte de la performance où la frontière entre le génie et l’épuisement devient floue.
Mais le cas Musk, justement, trouble par son ambiguïté. Peut-on encore dissocier la lucidité visionnaire du trouble comportemental ? Le milliardaire serait-il le symptôme d’une époque où les dirigeants eux-mêmes deviennent les cobayes de leur empire intérieur ?
En refusant de commenter ces révélations, l’entourage de Musk laisse flotter un parfum d’ambiguïté. Lui-même, dans un tweet de 2023, affirmait avec humour que « la kétamine est meilleure que les antidépresseurs ». Derrière la plaisanterie se dessine peut-être un aveu : celui d’un homme qui, pour penser plus loin, aurait choisi de dérégler ses sens. Rimbaud sous stéroïdes.
Mais à l’ère des IA surpuissantes, des satellites privés et des guerres informationnelles, peut-on encore se permettre de confier l’avenir à des esprits altérés ? La question reste entière. Musk, lui, continue de bâtir des fusées — avec ou sans adjuvants.