Il n’est ni collectionneur secret ni marchand discret. Emmanuel Perrotin, costume bien taillé et œil malicieux, est de ces figures qui ont su faire de la galerie d’art un théâtre mondial. À 56 ans, le fondateur de la Galerie Perrotin règne sur un empire artistique qui s’étend de Paris à Séoul, de New York à Shanghai, en passant par Dubaï et Tokyo. Plus qu’un galeriste : un passeur d’époques, un catalyseur de tendances, un nom que le monde de l’art contemporain prononce avec le respect qu’on accorde aux initiés.
De la rue Louise-Weiss au monde entier
Tout commence dans les années 1990, dans une petite pièce de l’appartement familial, où le jeune autodidacte rêve déjà d’art global. À 21 ans, il ouvre sa première galerie. Le reste est une épopée. Dans un monde longtemps dominé par les grandes maisons anglo-saxonnes, Perrotin impose un style français : exubérant, curieux, parfois kitsch, toujours vif. Il fait émerger Takashi Murakami, Damien Hirst, JR, Maurizio Cattelan ou encore Sophie Calle — des artistes qui conjuguent pop culture, audace visuelle et réflexion politique.
Une vision mobile de l’art
Perrotin ne se contente pas d’exposer : il voyage. Ses galeries poussent comme des antennes d’un même organe sensible, implantées dans les grandes capitales culturelles du XXIe siècle. « L’art n’est plus local, il est mondialisé, et les artistes doivent pouvoir dialoguer avec plusieurs scènes à la fois », aime-t-il répéter. Ce cosmopolitisme assumé n’est pas une posture : il est inscrit dans l’ADN de Perrotin. Ses expositions circulent, se déploient, s’adaptent. Le white cube devient lieu de vie, parfois club, parfois laboratoire, souvent point de friction entre les esthétiques.
Un marchand à l’ère du branding
Car Emmanuel Perrotin n’est pas seulement galeriste. Il est aussi communicant, éditeur, stratège. Il sait que l’art contemporain est aussi une affaire d’image, de narration, de désir. Il organise des dîners, produit des livres, collabore avec des marques de luxe, transforme ses artistes en icônes. Il a compris, bien avant d’autres, que l’aura d’un artiste se cultive comme une marque. Dans ses galeries, l’art ne se montre pas : il se performe.
Une figure entre chic et exubérance
À la fois excentrique et méthodique, Emmanuel Perrotin incarne une nouvelle figure du marchand : ni discret courtier en tableaux anciens, ni businessman cynique, mais un curateur d’énergie. On le croise à Bâle, à Miami, à Séoul, discutant aussi bien avec des stars du cinéma qu’avec de jeunes créateurs émergents. Ce mélange d’élitisme et de pop, de rigueur et de flamboyance, fait sa signature.
L’art comme langage universel
À l’heure où les frontières artistiques se brouillent, où les métropoles s’observent et se répondent, Perrotin apparaît comme l’un des rares à avoir compris l’époque. Loin du conservatisme feutré de certaines institutions, sa galerie propose une expérience ouverte, fluide, accessible sans jamais être simpliste.
Emmanuel Perrotin ne vend pas seulement des œuvres : il orchestre des mondes. Et si l’art contemporain est parfois difficile à suivre, lui continue, sans relâche, à le faire circuler.
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