Un tarif d’entrée à six chiffres pour un visa de travail : Donald Trump a une nouvelle fois choisi la brutalité pour marquer sa politique migratoire. Vendredi, depuis le Bureau ovale, le président américain a annoncé que l’accès au visa H-1B — instrument vital de la Silicon Valley pour recruter des talents étrangers — serait désormais conditionné au paiement de 100.000 dollars par employé.
Ce visa, prisé des ingénieurs indiens et chinois, constitue depuis trois décennies l’un des ressorts essentiels de la puissance technologique américaine. Mais pour la Maison-Blanche, il est devenu le symbole d’une dépendance jugée toxique. « Si les grandes entreprises veulent recourir à des travailleurs étrangers, elles doivent payer 100.000 dollars au gouvernement », a expliqué le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, en ajoutant que « toutes les grandes entreprises sont partantes ». Une affirmation qui, en coulisses, laisse perplexe les géants de la tech.
L’objectif affiché est limpide : contraindre les employeurs à recruter et former des diplômés américains plutôt que d’importer des compétences. « Si vous voulez former quelqu’un, vous allez former un jeune Américain », a insisté Trump. La formule, simpliste et frappante, traduit une vision où le patriotisme économique se substitue à l’ouverture globale.
Mais au-delà du slogan, une interrogation s’impose : les talents qui font la Silicon Valley — chercheurs en intelligence artificielle, ingénieurs en semi-conducteurs, spécialistes en cybersécurité — sont-ils interchangeables avec les jeunes diplômés locaux ? La puissance américaine s’est précisément bâtie sur ce mélange d’élites mondiales attirées par ses universités et ses entreprises. Élever une barrière tarifaire ne risque-t-il pas de pousser ces talents vers d’autres horizons, de Toronto à Bangalore, en passant par Paris ou Berlin ?
En fixant un prix exorbitant à l’immigration qualifiée, Donald Trump ne se contente pas de durcir une politique migratoire déjà verrouillée : il pose une question fondamentale sur l’avenir du capitalisme américain. La Silicon Valley acceptera-t-elle de payer ce tribut au nom de l’Amérique d’abord, ou prendra-t-elle le risque d’aller inventer le futur ailleurs ?
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