Au cours d’un déplacement asiatique majeur, Donald Trump a annoncé qu’il souhaitait d’abord se focaliser sur les relations commerciales et géopolitiques entre les États-Unis et la Chine, avant d’aborder le dossier plus délicat de la Corée du Nord. Par ailleurs, il a déclaré qu’il « rencontrerait » probablement le dirigeant nord-coréen Kim Jong‑un « à un moment donné », évoquant une perspective relativement proche. Ces annonces ouvrent une nouvelle phase dans la diplomatie américaine en Asie, mêlant enjeux commerciaux et défis de sécurité. Reuters+2The Guardian+2
Pourquoi cette hiérarchisation Chine → Corée ?
Plusieurs raisons expliquent pourquoi Truman (sic) – pardon : Trump – choisit de traiter d’abord la Chine.
- D’abord, le dossier sino-américain est central à la politique étrangère US, qu’il s’agisse du commerce, des technologies ou de la chaîne d’approvisionnement globale. Se positionner face à Pékin permet à Washington de s’affirmer comme acteur clé en Asie.
- Ensuite, le dossier nord-coréen reste extrêmement complexe : nucléaire, missiles, sanctions, et une diplomatie oscillante. Trump l’a bien compris et préfère peut-être atténuer les tensions ailleurs avant de l’aborder.
- Enfin, l’option de rencontrer Kim Jong-un constitue un levier diplomatique fort. Trump sait que l’annonce seule d’un sommet attire l’attention mondiale. Elle permet de placer la RPDC dans un cadre de négociation à son avantage. Reuters
Les déclarations-clés et leur portée
Lors de son voyage en Asie, Trump a répété qu’il était « ouvert » à une rencontre avec Kim Jong-un : « We’ll, at some point in the not too distant future, meet with North Korea. » Reuters+1
Toutefois, un haut conseiller sud-coréen a nuancé ces propos en estimant qu’un sommet n’était « pas probable dans l’immédiat ». Reuters
Cette double posture – ouverture de principe + prudence diplomatique – est typique d’une stratégie de négociation. Trump affiche une main tendue tout en gardant la maîtrise des attentes et des conditions.
Analyse des implications
Pour les États-Unis
Sur le plan diplomatique, cette hiérarchisation permet à Washington de mieux contrôler ses priorités. Cela met la Chine sous pression tout en laissant la Corée du Nord dans un cadre négocié. Économiquement, cela permet de concentrer les ressources américaines sur un dossier central (la Chine) avant de s’engager dans un processus long (la RPDC).
Pour la Chine
Pékin se retrouve à nouveau au cœur du dispositif stratégique américain. Réussir un accord avec la Chine renforcerait la crédibilité américaine et poserait la Chine comme « partenaire incontournable ». Mais cela pourrait aussi réduire l’effet de levier américain face à la RPDC, puisque Pékin est un allié traditionnel de Pyongyang.
Pour la Corée du Nord
Pour Pyongyang, l’annonce d’une future rencontre est un gain symbolique : Kim Jong-un est de nouveau « sur la photo ». Pourtant, l’absence de calendrier précis et la priorité donnée à la Chine peuvent être interprétées comme une manoeuvre américaine pour gagner du temps ou forcer de nouveaux concessions.
Obstacles et risques
- Le calendrier reste flou : « à un moment donné » ne garantit aucun engagement concret immédiat.
- La politique nord-coréenne est sujette à aléas : essais de missiles récents, posture agressive, influence chinoise. La négociation pourrait donc être rapidement perturbée. Reuters
- Le contexte interne américain et asiatique peut modifier la donne (élections, alliances).
- Enfin, donner priorité à la Chine ne garantit pas que la Corée du Nord acceptera de jouer le jeu. Le prix exigé pourrait être très élevé pour Pyongyang.
Conclusion
L’annonce de Trump marque une stratégie claire : d’abord réguler la relation sino-américaine, puis, dans un second temps, aborder la Corée du Nord. Cette approche graduelle semble pragmatique : elle offre à Washington un terrain plus maîtrisable avant de s’engager dans une diplomatie complexe. Pour autant, la réussite de cette séquence dépendra de nombreux facteurs – engagement de la Chine, réaction de Kim Jong-un, dynamique régionale en Asie-Pacifique. Pour les observateurs du commerce international, de la sécurité et de la géopolitique, cette manœuvre mérite une attention particulière : elle pourrait annoncer un repositionnement majeur des États-Unis en Asie.
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