Paris, été 2025. Dans les eaux verdâtres de la Seine, entre deux péniches et une mouette en survol hésitant, quelques baigneurs téméraires s’élancent depuis une plateforme flottante. D’autres hésitent, l’œil inquiet, le maillot ajusté mais la confiance relative. Car une question trouble les esprits parisiens — et plus encore les esprits bobos des 10e et 11e arrondissements : peut-on vraiment se baigner dans la Seine ?
Depuis l’annonce des Jeux Olympiques de Paris et la promesse présidentielle d’y replonger sans crainte, la Seine est devenue l’objet d’un fantasme collectif, autant hygiénique que politique. Des milliards ont été investis, des stations d’épuration modernisées, des réseaux d’égouts redirigés. Le discours officiel martèle qu’elle n’est plus la “cloaque romantique” qu’elle fut.
Mais les faits sont plus nuancés. À peine une semaine sans qu’un prélèvement ne révèle une concentration de bactéries E. coli supérieure aux normes. À chaque forte pluie, les eaux usées débordent, les égouts rejettent. On rouvre les parapluies et on referme les plages. Le verdissement de la Seine est encore plus symbolique que systémique.
Solution écologique ou mirage politique ?
Pour les Parisiennes – entendons ici les femmes urbaines, éduquées, cyclistes et un peu éco-anxieuses – la baignade en Seine oscille entre désir d’émancipation aquatique et crainte d’attraper une conjonctivite. Se baigner dans la ville, c’est se réapproprier l’espace public, oui. Mais aussi se frotter à la réalité d’une métropole qui peine à sortir de son XIXe siècle souterrain.
Certaines y voient une révolution douce, une alternative à la climatisation, un geste politique écoféministe presque : se plonger dans l’eau plutôt que dans la consommation. D’autres préfèrent Barbès à la nage, ou fuient vers les piscines en béton bien chloré.
Une promesse parisienne pleine d’ambiguïtés
La Seine propre est devenue une parabole : celle d’un Paris qui veut séduire, verdir, purifier son image — tout en restant une grande capitale aux infrastructures fatiguées. Une sorte de greenwashing fluvial où le rêve olympique côtoie les déchets invisibles.
Alors, solution pour les Parisiennes ? Peut-être. Mais à condition de ne pas trop creuser sous la surface.
Paris ne cesse de se raconter des histoires. La Seine en est une de plus, belle et trouble à la fois.
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