Il y a ce moment discret, presque banal, où les corps cessent de s’appeler. Non pas à cause d’un drame, d’un adultère ou d’une dispute, mais par érosion douce, tendresse logée dans l’habitude, silence installé dans les draps. Le sexe, naguère totem du couple accompli, devient un territoire lointain, parfois redouté, souvent contourné.
Et alors, que font les couples d’aujourd’hui quand le désir s’absente ? Quand l’un ou l’autre — ou les deux — ne ressent plus cette pulsion primordiale qui tenait lieu de langage secret ? La réponse, comme toujours, est aussi intime que sociologique.
Un tabou contemporain
En 2025, il est presque plus facile d’avouer une infidélité que de dire à son conjoint : « Je n’ai plus envie. » Le sexe reste un marqueur social puissant, presque un indice de santé conjugale. Et pourtant, de plus en plus de couples traversent des périodes sans rapports sexuels, sans que cela ne signe nécessairement la fin de l’amour.
Psychologues, thérapeutes et sociologues le confirment : le couple moderne ne s’effondre pas toujours sur le manque de sexe. Il négocie, redéfinit, contourne. Certains s’aiment sans se toucher, d’autres se donnent la permission d’aller ailleurs, quand l’un a encore faim et l’autre plus soif.
Nouvelle pudeur, nouvelles solutions
Il y a ceux qui consultent — sexologues, psychanalystes, coachs en libido — dans l’espoir de « réparer » ce qui ne fonctionne plus. Et il y a ceux qui, plus pudiques, accueillent ce changement comme une mue naturelle, refusant de voir dans l’absence de sexe une faute ou une faille.
« On ne fait plus l’amour depuis huit mois », confie Alice, 42 ans, cadre dans l’édition. « Et pourtant, on dîne ensemble chaque soir, on se serre la main, on se soutient. J’ai plus l’impression d’avoir un compagnon d’âme qu’un amant. Et ça me va. »
À l’inverse, certains couples optent pour la réinvention radicale : retraites tantriques, lectures érotiques, polyamour raisonné, voire pauses affectives. Car aujourd’hui, le désir ne se vit plus forcément dans la linéarité. Il devient un flux, un possible, un contrat mouvant entre deux adultes qui refusent les injonctions classiques.
La fin du sexe comme fin du couple ?
Pas nécessairement. Le couple contemporain est moins un modèle figé qu’un laboratoire émotionnel. Ce qui compte désormais, ce n’est plus ce qu’on fait, mais ce qu’on construit. Le sexe, autrefois pilier, devient une composante parmi d’autres : complicité, vision commune, sécurité affective, humour — autant d’antidotes au vide.
Il faut bien sûr parler, se dire les choses. Mais aussi, parfois, accepter que le désir s’absente sans forcément détruire. Après tout, ce n’est pas parce que l’on ne fait plus l’amour qu’on ne s’aime plus. Le langage des corps a ses saisons. Et certains hivers sont fertiles.
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