Dans un tournant décisif de sa politique d’ouverture, l’Ouzbékistan envisage de permettre l’entrée sans visa pendant 30 jours aux citoyens américains. Cette initiative, énoncée par le président Shavkat Mirziyoyev dans un décret daté du 15 mai 2025, vise à aligner les conditions d’entrée des Américains avec celles déjà en vigueur pour de nombreux pays développés. Cette décision s’inscrit dans un vaste projet de réforme du tourisme national, avec pour objectif de hisser l’Ouzbékistan au rang des destinations incontournables en Asie centrale.
Un effort de réciprocité : négociations bilatérales avec Washington
Le décret présidentiel ne s’arrête pas à une ouverture unilatérale. Il mandate également le ministère des Affaires étrangères pour entamer des négociations avec les États-Unis en vue d’assouplir les conditions d’entrée des Ouzbeks sur le sol américain. Actuellement, les citoyens ouzbeks font face à un taux de refus de visa de près de 66 %, le plus élevé de toute l’Asie centrale. Cette asymétrie, que Tachkent juge défavorable, pourrait être corrigée à travers un dialogue diplomatique orienté vers une plus grande équité.
Le tourisme, pilier d’une stratégie économique
Sous l’impulsion du président Mirziyoyev, le tourisme est devenu un secteur stratégique pour l’économie ouzbèke. Le pays a vu son affluence touristique exploser : 1 million de visiteurs étrangers en 2016, 6,6 millions en 2023 et 8,2 millions en 2024. Le gouvernement espère désormais atteindre 15,8 millions de touristes d’ici la fin de 2025, générant jusqu’à 4 milliards de dollars de revenus liés aux services touristiques.
Le modèle régional et la concurrence stratégique
Dans cette dynamique, l’Ouzbékistan semble s’inspirer de ses voisins. Le Kazakhstan autorise déjà les citoyens américains à entrer sans visa pour 30 jours, tandis que le Kirghizistan accorde une période encore plus généreuse de 60 jours. L’objectif de Tachkent est clair : ne pas se laisser distancer dans la compétition régionale pour attirer les devises et les visiteurs internationaux.
Des accords multipliés pour faciliter les mobilités
Au-delà des États-Unis, l’Ouzbékistan multiplie les accords de réciprocité. Dès le 1er juin 2025, les citoyens chinois pourront entrer librement pour 30 jours, et l’inverse sera également valable pour les Ouzbeks en Chine. Des accords similaires sont déjà conclus avec le Japon, la Corée du Sud, l’Union européenne et plus récemment avec les pays du Golfe comme le Koweït, Bahreïn et Oman.
Vers une diplomatie touristique proactive
Ce virage diplomatique témoigne d’une volonté plus large : faire du tourisme un levier d’influence et de développement. En facilitant la circulation des personnes, Tachkent espère non seulement augmenter ses revenus, mais aussi améliorer son image à l’international. Le tourisme devient ainsi un outil d’intégration économique et géopolitique. Si les États-Unis répondent favorablement à l’appel, cette ouverture pourrait marquer un tournant dans les relations bilatérales et renforcer la place de l’Ouzbékistan dans le concert des nations touristiques émergentes.