Il aurait pu passer inaperçu, noyé dans la foule sentimentale d’un concert de Coldplay à Boston. Mais quand le PDG d’Astronomer, jeune entreprise florissante de la tech américaine, est aperçu en pleine étreinte avec sa maîtresse, les réseaux ne mettent que quelques heures à faire de l’instant volé un sujet brûlant. Vidéos floues, zooms malveillants, threads d’enquête amateur : la sphère numérique a tranché. Il ne s’agissait pas de sa femme.
Depuis, les excuses du dirigeant et la réaction laconique de son épouse — « nous avons des conversations privées » — ont alimenté le feuilleton d’un adultère devenu viral. Et relancé, une fois de plus, une vieille question : qu’est-ce que tromper, en 2025 ?
Un acte vieux comme le couple, à l’ère des smartphones
L’infidélité n’est pas née avec les CEO mal inspirés. Ce qui change, c’est sa visibilité. En 2025, la moindre incartade peut être filmée, géolocalisée, augmentée, diffusée. On ne trompe plus seulement un corps ou une parole : on trahit une image, un branding conjugal patiemment construit sur Instagram ou LinkedIn.
Pour certains, comme cet entrepreneur exposé en plein slow-motion sur TikTok, c’est le vernis professionnel qui se fissure. L’homme marié devient un « homme de pouvoir en faute », relégué dans la galerie post-Weinstein des figures troubles. La faute privée devient question de gouvernance, surtout dans la tech, où l’éthique personnelle est scrutée comme un KPI.
Adultère ou polyamour mal géré ?
Mais est-ce encore un scandale moral ? Pas si vite. En 2025, le couple a muté : relations ouvertes, pactes conjugaux révisables, contractualisation des limites… On ne parle plus tant d’exclusivité sexuelle que de transparence affective. Ce qui choque aujourd’hui, ce n’est pas forcément le désir hors-piste, mais le mensonge, le non-dit, le manque de consentement éclairé.
« L’adultère moderne, ce n’est plus un adultère de chair, mais un adultère de récit », note une sociologue du couple contemporain. Ce qui est trahi, c’est la fiction partagée : celle du nous, du pacte établi, du “ce qu’on avait dit ensemble”.
Spectacle conjugal et jugement collectif
Et le public, lui, regarde. Plus que jamais, l’intime se consomme à l’échelle sociale. Les internautes ne se contentent plus d’indignation : ils produisent des mèmes, des verdicts, des manuels de rupture. L’adultère devient objet de performance collective, comme un feuilleton moral partagé à l’heure du café.
Peut-on encore aimer en paix ? Peut-être. À condition d’accepter que, désormais, l’amour privé est un territoire éminemment public. Et que l’infidélité n’est plus seulement ce qu’on fait dans l’ombre, mais ce que l’on expose — ou cache mal — à la lumière du monde connecté.
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