C’est une page monétaire qui se tourne, un chapitre de plus dans l’histoire — parfois chaotique, souvent résiliente — de l’Europe. La Bulgarie, membre de l’Union européenne depuis 2007, abandonnera définitivement le lev le 1er janvier 2026 pour rejoindre la zone euro. Elle deviendra ainsi le 21e État à adopter la monnaie unique.
Sur X (anciennement Twitter), le Premier ministre bulgare Nikola Jeliakov a salué un « moment historique », affirmant que « l’ancrage de la Bulgarie dans la zone euro est un pas décisif vers plus de stabilité, de prospérité et d’appartenance au cœur du projet européen ». Une formule bien choisie, qui traduit tout à la fois l’enthousiasme d’un gouvernement pro-européen et les espoirs d’une population tiraillée entre fierté nationale et désir d’intégration.
La décision n’a pas été prise à la légère. Début juin, la Commission européenne a confirmé que la Bulgarie respectait l’ensemble des critères de convergence définis par le traité de Maastricht : stabilité des prix, finances publiques saines, taux de change stable et taux d’intérêt à long terme maîtrisé. La Banque centrale européenne a abondé en ce sens dans son rapport de convergence, ouvrant ainsi la voie à cette adhésion tant attendue.
Une adhésion sous surveillance
L’entrée de la Bulgarie dans la zone euro n’est pas sans poser question. Le pays, dont le PIB par habitant reste l’un des plus bas de l’UE, devra désormais se mouvoir dans les règles d’un jeu monétaire commun, à la discipline budgétaire scrutée. Mais Sofia mise sur les effets positifs à moyen terme : attractivité accrue pour les investissements étrangers, suppression des coûts de change, renforcement de la crédibilité financière.
Dans les rues de Sofia comme dans les cafés d’artistes de Plovdiv, l’annonce suscite un mélange d’optimisme prudent et de nostalgie diffuse. Le lev, introduit en 1881, symbolisait une certaine continuité nationale, même lorsqu’il était arrimé de facto à l’euro depuis 1999. Sa disparition actera un renoncement, mais surtout une ambition : s’inscrire pleinement dans l’histoire économique et politique de l’Europe du XXIe siècle.
Une Europe à 21 voix
Avec la Bulgarie, la zone euro comptera désormais 21 membres. Ce chiffre n’est pas anodin : il consacre la poursuite, quoique lente, de l’élargissement monétaire. Après la Croatie en 2023, Sofia confirme une tendance : malgré les crises, l’euro reste perçu comme un vecteur de stabilité et de souveraineté partagée.
Reste à savoir si cette « Europe à plusieurs vitesses » saura intégrer durablement les aspirations des pays d’Europe de l’Est. Pour la Bulgarie, l’euro est autant un outil qu’un symbole. Un test grandeur nature, dans une Union où les défis sont plus politiques que techniques.
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