Un projet pharaonique au cœur de Washington
Lundi 20 octobre 2025, les pelleteuses ont commencé à démolir une section de l’East Wing de la Maison-Blanche, donnant le coup d’envoi à la construction d’une salle de bal prétendument « la plus belle du pays », initiée par Donald Trump. Le coût annoncé de l’opération s’élève à environ 250 millions de dollars, financés par Trump lui-même et des donateurs privés. Reuters+2TIME+2
Le bâtiment existant, édifié en 1902 puis agrandi durant la guerre mondiale, sera partiellement rasé afin de faire place à une structure de près de 90 000 sq ft (≈8 360 m²) capable d’accueillir jusqu’à 999 personnes lors d’événements d’État. Wikipedia+1 Trump affirme que le bâtiment démoli ne faisait pas partie de la « Maison-Blanche principale » mais plutôt de l’aile Est, « complètement séparée du bâtiment principal ». TIME+1
Pourquoi cette salle de bal ?
La justification officielle met en avant le besoin d’un espace digne de la résidence présidentielle pour accueillir des dîners d’État et autres cérémonies grandioses, là où jusqu’à présent le lieu principal était l’East Room (≈200 places) ou même des tentes sur la pelouse. Wikipedia+1 Pour Trump, ancien promoteur immobilier, il s’agit aussi d’ajouter une empreinte culturelle et architecturale à son mandat. Le mélange de prestige, de dimension « show » et de mise en scène politico-symbolique est manifeste.
Un chantier controversé
Malgré le financement privé, le projet suscite des critiques nourries.
- Absence officielle d’approbation formelle : l’National Capital Planning Commission — l’organisme fédéral chargé d’autoriser les grands travaux à Washington — n’a pas encore validé les plans de construction. TIME+1
- Timing et symbolique maladroite : ce démarrage intervient alors que l’administration est confrontée à des enjeux de budget, de shutdown et de priorité publique. Certains élus démocrates qualifient cette initiative de « symbole du second âge doré » — alors que d’autres domaines parmi les plus fragiles de l’État auraient besoin de financement. The Washington Post+1
- Patrimoine et intégrité architecturale : l’aile Est avait déjà une longue histoire, et sa démolition partielle suscite des questions de conservation historique — même si l’administration assure que l’ensemble sera « modernisé ». AP News+1
Impacts politiques et symboliques
Cette salle de bal devient d’ores et déjà un marqueur politique.
- Affichage du pouvoir : un espace de presque 1 000 personnes, dans la Maison-Blanche, avec vue sur le Washington Monument, s’inscrit dans une logique de grandstanding diplomatique et national. Reuters
- **Réaction publique et moralité de l’État-maison ** : alors que de nombreux Américains dénoncent la crise du logement, l’inflation et les inégalités, un projet de luxe de ce type peut apparaître comme déconnecté.
- Effet legacy : Trump souhaite laisser une empreinte architecturale durable — à l’image de ses autres projets (aménagements dorés, extensions symboliques…) — ce qui alimente la critique d’un égocentrisme présidentiel. The Guardian
Ce qu’il faut surveiller
- La vue publique : comment la population américaine perçoit-elle ce projet ? L’image peut varier fortement selon les couches sociales.
- Le respect des procédures : le fait de commencer des travaux alors que certains agréments ne sont pas finalisés ouvre un risque juridique ou de blocage.
- Le coût effectif et les retards : un budget annoncé à 250 millions de dollars pourrait s’alourdir — ce genre de chantier lourd comporte de nombreux aléas.
- Le usage effectif : au-de-là du symbole, sera-t-il un véritable lieu de diplomatie ou un espace de rassemblements privés ?
Le projet de salle de bal initié par Donald Trump à la Maison-Blanche s’inscrit à la croisée de l’immobilier, du symbole présidentiel et de la politique publique. Si son financement privé et sa dimension architecturale grandiose le distinguent, il soulève aussi des interrogations sur les priorités de l’État et l’image de la fonction présidentielle. Le chantier démarré de l’aile Est deviendra un test : saura-t-il combiner prestige, efficacité et acceptabilité publique, ou sera-t-il perçu comme une outrance dans un contexte déjà tendu ? L’enjeu dépasse les murs : c’est une ligne de partage entre tradition, pouvoir et responsabilité.