C’est un nom que l’on murmure plus qu’on ne prononce. Un nom aux accents hugoliens, chargé de souffle, de verbe et de vestes bien coupées. Dominique de Villepin, l’homme du non à la guerre en Irak, le poète-diplomate devenu Premier ministre par accident d’histoire, revient parfois dans les conversations politiques comme une figure tutélaire, une sorte de recours romantique pour une République fatiguée. Mais derrière le prestige, une question demeure : peut-il vraiment être candidat en 2027 ? Et surtout, la France veut-elle encore d’un homme comme lui ?
Un président sans urnes, un homme d’État sans parti
Villepin n’a jamais été élu. Ce paradoxe – si français – résume son mystère : il n’a jamais eu besoin des foules pour être légitime. Il règne par le style, par la langue, par la hauteur. Ce qui fut jadis une force – cette élégance gaullienne, cette diction d’ambassade – pourrait aujourd’hui être un handicap dans une démocratie brutale, impatiente, plus TikTok que Tocqueville. Mais il incarne une rareté : celle de l’homme d’État non populiste, cultivé sans être professoral, lyrique sans être grotesque.
L’étoffe présidentielle : une question de matière ou d’époque ?
A-t-il l’étoffe d’un président ? Évidemment. Il en a même l’armure. Mais encore faut-il que la société ait envie de cette étoffe-là. Villepin parle à la France comme à une vieille amante blessée, avec tendresse et solennité. Or la France de 2027 pourrait être plus cynique que lyrique, plus préoccupée par le prix de l’essence que par la beauté du monde.
Et pourtant. Dans une époque saturée de communication immédiate et de gestion comptable du pouvoir, un homme qui parle de civilisation, de destin, de poésie, a peut-être plus à offrir qu’il n’y paraît.
Un visionnaire sans machine
Il n’a pas de parti, peu de réseaux, pas de plateforme numérique, mais il a ce que peu ont : une vision du monde. Villepin pense en stratège, pas en tacticien. Son regard sur les fractures sociales, l’urgence climatique, les tensions internationales, est souvent plus lucide que celui de ses anciens collègues. Mais la question est politique au sens rude du terme : sans appareil, sans jeunesse militante, sans relais populiste, peut-on encore exister dans une présidentielle française ? Rien n’est moins sûr.
Un recours, ou un mirage ?
Certains, dans les cercles feutrés de la droite orpheline ou du centre intellectuel, espèrent un retour de Villepin comme on espère le retour d’un âge d’or. Un président à l’ancienne, qui redonnerait du sens à la fonction, qui soignerait l’image de la France dans le monde, qui rappellerait que la politique peut aussi être une affaire de noblesse.
Mais la République actuelle est-elle encore le théâtre de ce type d’homme ? Ou faut-il se résoudre à ce que Villepin reste ce qu’il a toujours été : un poète dans une salle de marché, un homme du verbe dans un monde de chiffres ?
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