Une capitale à feu et à sang : la colère populaire éclate à Dacca
Le 17 octobre, la capitale bangladaise Dacca a été le théâtre de violents affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants opposés à la nouvelle charte du gouvernement provisoire.
Cette charte, censée assurer une transition politique après des mois d’instabilité, est perçue par une grande partie de la population comme un instrument destiné à perpétuer le pouvoir en place sous un autre nom.
Les images qui circulent sur les réseaux sociaux sont saisissantes : voitures incendiées, fumée noire envahissant le ciel, policiers antiémeute frappant les protestataires à coups de matraque. Dans plusieurs quartiers, les manifestants ont érigé des barricades et pris le contrôle temporaire de véhicules de police, signe d’une escalade de la tension sociale.
La genèse d’une contestation politique explosive
La crise actuelle s’inscrit dans un contexte de méfiance généralisée envers les institutions bangladaises.
Le gouvernement provisoire, mis en place après la démission forcée de l’ex-Première ministre Sheikh Hasina, devait garantir une transition démocratique neutre.
Mais la charte récemment présentée, jugée trop centralisatrice et autoritaire, redonne des pouvoirs étendus à l’armée et au ministère de l’Intérieur, suscitant la colère des mouvements civils et de l’opposition.
Les partis d’opposition, menés par le Bangladesh Nationalist Party (BNP), dénoncent un « coup d’État administratif » sous couvert de réforme constitutionnelle.
Des associations de défense des droits humains alertent quant à la répression croissante des voix dissidentes, tandis que plusieurs journalistes ont été arrêtés pour avoir couvert les manifestations.
Un pays au bord de la rupture sociale et économique
La situation au Bangladesh est d’autant plus fragile qu’elle s’inscrit dans un contexte économique et social alarmant.
L’inflation, la hausse du prix des denrées alimentaires et la crise énergétique alimentent le mécontentement populaire.
Dacca, mégapole tentaculaire de plus de 20 millions d’habitants, symbolise cette tension permanente entre croissance économique et fracture sociale.
La contestation de la charte du gouvernement provisoire a ravivé les clivages politiques historiques : d’un côté, les partisans d’une ligne dure soutenant l’armée et la stabilité ; de l’autre, une jeunesse urbaine et éduquée réclamant plus de transparence, de justice sociale et de libertés publiques.
Les réactions internationales : prudence et inquiétude
Face à cette explosion de violence, la communauté internationale adopte une attitude de prudence.
L’ONU a appelé au calme et au dialogue, exhortant les autorités bangladaises à respecter les droits fondamentaux.
Washington et Bruxelles se disent « préoccupés » par la répression des manifestants, tandis que les chancelleries asiatiques craignent une déstabilisation régionale qui pourrait affecter les flux économiques et migratoires.
La situation du Bangladesh, carrefour géopolitique entre l’Inde, la Chine et le Myanmar, fait du pays un point névralgique pour les équilibres stratégiques d’Asie du Sud.
Tout affaiblissement institutionnel y a donc des répercussions géopolitiques bien au-delà des frontières nationales.
Vers une radicalisation politique ?
Les analystes redoutent désormais une spirale de violence durable.
La défiance envers les autorités, combinée à la brutalité policière, risque d’alimenter un mouvement de contestation généralisé.
Si le gouvernement provisoire ne parvient pas à restaurer la confiance publique en rouvrant le dialogue, le Bangladesh pourrait basculer dans une nouvelle phase d’instabilité chronique, rappelant les crises politiques des années 2000.
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