Le silence qui a suivi la lecture du verdict en disait long. Cédric Jubillar, 38 ans, peintre-plaquiste d’Albi, a été condamné vendredi 17 octobre à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme, Delphine, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Impassible, les mains posées sur l’ouverture vitrée du box, l’accusé a écouté sans un mot la présidente Hélène Ratinaud prononcer la sentence. En quelques minutes, quatre semaines d’audiences intenses trouvaient leur épilogue, au terme de six heures de délibération. Les jurés ont tranché : sept voix au moins ont répondu « oui » à la question centrale — a-t-il volontairement donné la mort à Delphine ?
Dans la salle, les proches de la disparue se sont étreints, certains pleuraient, d’autres semblaient simplement vidés. Un oncle de Delphine a fait un malaise, comme si la tension accumulée pendant quatre ans s’effondrait soudain. « Les jurés ont été à la hauteur de l’enjeu », a commenté Me Philippe Pressecq, avocat des parties civiles. « Ils ont compris que, derrière les zones d’ombre, demeurait une vérité simple : celle d’une femme qui ne s’est pas volatilisée. »
Juste avant que la cour ne se retire, Jubillar, blême, les yeux creusés, a redit ce qu’il répète depuis décembre 2020 : « Je n’ai absolument rien fait à Delphine. » Une dernière phrase, presque mécanique, livrée sans colère ni supplication.
Pour l’accusation, cette affirmation ne pesait plus face à un faisceau d’indices jugé accablant. L’avocat général Pierre Aurignac avait ironisé : « Pour défendre l’idée de son innocence, il faudrait écarter quatre experts, faire taire dix-neuf témoins et tuer le chien pisteur. » Et de conclure, avec une formule glaçante : « Le crime parfait attendra. Le crime parfait, ce n’est pas celui sans cadavre, c’est celui sans condamnation. »
Cédric Jubillar a annoncé son intention de faire appel. Le procès, lui, entre dans la mémoire collective, à la croisée du drame intime et du roman judiciaire. Il reste ce paradoxe obsédant : une condamnation sans corps, un meurtre sans trace, un vide où chacun projette son idée de la vérité.
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