Une première pour le Japon
Le 21 octobre 2025, Sanae Takaichi a été élue Premier ministre du Japon par la Chambre des représentants, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste dans l’histoire du pays. Nippon+3AP News+3Reuters+3 Cet événement marque un tournant symbolique dans une nation où la vie politique est encore largement dominée par les hommes.
Le profil politique de Takaichi
Âgée de 64 ans, Takaichi est une figure influente du Liberal Democratic Party (LDP), le parti majoritaire au Japon. Elle a été élue présidente du LDP le 4 octobre 2025, ce qui l’a naturellement placée sur le chemin de la primature. Reuters+1 D’éducation universitaire (Université de Kobe) et ancienne journaliste-assistante législative, elle est entrée au Parlement en 1993. Wikipedia+1 Considérée comme très conservatrice, elle est proche de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe et s’inscrit dans la droite nationaliste japonaise. The Times of India+1
Les intentions et orientations politiques
Le contexte dans lequel Takaichi accède au pouvoir est complexe : le LDP a perdu sa majorité absolue dans les deux chambres, ce qui fragilise sa capacité à gouverner sans compromis. The Guardian+1
Sur le plan des positions affichées :
- Elle propose une politique économique de relance mêlant baisses d’impôt et mesures de soutien aux ménages, pour stimuler une croissance japonaise longtemps atone. Reuters
- Elle s’engage à renforcer la défense et la sécurité nationale, et soutient une révision de la Constitution pacifiste japonaise pour élargir le rôle militaire du pays. The Washington Post+1
- Elle adopte une posture plus restrictive sur l’immigration et les questions sociétales, et s’oppose à certaines réformes féministes ou démocratiques (par exemple, elle soutient la succession impériale masculine et s’oppose à l’usage de noms de famille distincts pour les couples mariés) : un paradoxe dans son statut de première femme à ce poste. TIME+1
Enjeux majeurs pour son gouvernement
1. Gouvernance et légitimité : Avec une majorité fragile, Takaichi doit composer et négocier. Le soutien de petits partis sera déterminant.
2. Économie et relance : Le Japon fait face à une inflation modérée, un yen faible et des défis démographiques. Sa politique de relance devra être crédible sans aggraver la dette déjà très élevée.
3. Politique étrangère et sécurité : Le Japon se trouve au cœur des enjeux indo-pacifiques : Chine, Corée du Nord, alliance avec les États-Unis. Le virage sécuritaire prévu pourrait accroître les frictions régionales.
4. Paradoxe sociétal : Si sa nomination est un symbole de rupture, ses positions conservatrices sur le plan social peuvent limiter ses effets sur l’égalité des genres et l’évolution de la société japonaise.
Pourquoi cette nomination est symbolique et ambivalente
Le fait que Takaichi devienne la première femme Premier ministre est un jalon important dans un pays où les femmes sont sous-représentées au sommet de l’État. Toutefois, ses choix politiques reflètent une orientation conservatrice et nationaliste — plutôt qu’une révolution féministe ou progressiste. Plusieurs analystes notent que la rupture est symbolique avant d’être substantielle. TIME+1
Conclusion
L’élection de Sanae Takaichi à la tête du gouvernement japonais constitue un tournant historique. Cependant, derrière le symbole, se dessinent des défis de gouvernance, de politique économique et internationale, mais aussi de cohérence entre son statut de pionnière et ses positions conservatrices. Son mandat sera un test de cette tension : peut-elle allier rupture symbolique et changement concret, ou restera-t-elle une femme « médiatisée » dans un environnement politique traditionnel ?
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