Par Eldor Tulyakov, Directeur exécutif du Centre de la Stratégie de Développement
L’Ouzbékistan a connu d’importantes transformations politiques ces dernières années, évoluant vers un modèle de gouvernance plus participatif. Sous la direction du Président Shavkat Mirziyoyev, le pays a mis en œuvre de nombreuses réformes pour accroître l’implication du public dans l’élaboration des politiques, renforcer la responsabilité gouvernementale et favoriser un dialogue ouvert entre l’État et les citoyens. Ces changements marquent un tournant décisif dans le développement démocratique de l’Ouzbékistan et établissent un précédent important en matière de gouvernance en Asie centrale.
Institutionnalisation de l’engagement public
L’une des réformes les plus marquantes a été la création des Bureaux de réception du peuple en 2017, qui ont permis d’établir des canaux directs entre les citoyens et les responsables gouvernementaux. Cette initiative a été renforcée par la plateforme Réception Virtuelle, permettant la soumission en ligne de plaintes et de propositions. En conséquence, la réactivité du gouvernement aux requêtes du public s’est nettement améliorée, le taux de résolution passant de 47,5 % en 2017 à 60,9 % en 2019.
Les outils numériques, tels que regulation.gov.uz et uzbekistan2030.uz, ont révolutionné la participation citoyenne aux processus législatifs. Ces plateformes permettent aux citoyens de contribuer activement à l’élaboration de l’avenir du pays. Lors de la phase de consultation de la stratégie “Ouzbékistan – 2030”, plus de 30 000 contributions ont entraîné l’adoption de plus de 1 000 amendements aux politiques publiques. De plus, les commentaires publics sur les projets de programmes d’État sont passés de 2 000 soumissions en 2017 à près de 18 000 en 2022, soulignant une prise de conscience civique croissante et l’importance accrue de la technologie dans la gouvernance.
Renforcement du contrôle public
Les récentes réformes constitutionnelles de l’Ouzbékistan ont introduit de nouveaux mécanismes de participation directe à l’élaboration des lois. Un développement clé réside dans la possibilité pour 100 000 citoyens de proposer des initiatives législatives au Parlement, garantissant ainsi une meilleure prise en compte des besoins du public dans les politiques nationales.
Le budget participatif s’est également imposé comme une innovation majeure grâce aux initiatives “Budget Ouvert” et “Budget d’Initiative”, qui permettent aux citoyens d’influencer les dépenses des administrations locales. Le portail web “Budget Ouvert”, lancé en 2021, assure une transparence des dépenses publiques, tandis que le programme “Budget d’Initiative” permet aux citoyens de proposer et de voter pour des projets locaux. Cette initiative a connu un franc succès, avec 41 125 propositions soumises en 2021, un chiffre qui est passé à 131 000 en 2022. Plus de 4 000 projets ont été approuvés, démontrant le potentiel et l’impact d’une implication directe du public dans la gouvernance.
Amélioration de la transparence et de la responsabilité gouvernementale
Un élément crucial de ces réformes est l’augmentation de la transparence et de la responsabilité des responsables publics. Les hauts fonctionnaires doivent désormais publier des rapports détaillés sur leurs activités et leurs dépenses, tandis que des conseils de surveillance composés de représentants de la société civile évaluent leur performance. Ces mesures visent à lutter contre la corruption et à renforcer la confiance du public dans les institutions gouvernementales.
Des plateformes telles que Murojaat.gov.uz et la ligne d’assistance “1000—Trust Hotline” permettent aux citoyens de signaler des préoccupations et de recevoir des réponses rapides des autorités. Par ailleurs, l’essor des médias indépendants a consolidé le contrôle public : le nombre de médias enregistrés est passé de 1 514 en 2016 à 2 349 en 2024, tandis que le blogging politique s’est développé, créant de nouveaux espaces de débat critique. De plus, l’accès multilingue à l’information, avec des programmes diffusés en 12 langues et des journaux publiés en 10 langues, garantit une participation plus large du public.
Le rôle croissant des organisations de la société civile (OSC) est un autre facteur clé. Avec plus de 10 000 OSC enregistrées à travers le pays, leur influence sur l’élaboration des politiques et le suivi des activités gouvernementales s’est considérablement accrue. Ces organisations, qui abordent des questions sociales majeures telles que les droits de l’homme, la protection de l’environnement et le développement économique, jouent un rôle central en veillant à ce que les politiques publiques répondent aux préoccupations de la population.
L’intersection entre participation publique et politique étrangère
Les réformes internes de gouvernance en Ouzbékistan sont étroitement liées à son orientation en matière de politique étrangère. Une plus grande implication civique a conduit à un gouvernement plus réactif, ce qui, en retour, a renforcé la position internationale de l’Ouzbékistan. L’amélioration de la transparence et des réformes démocratiques ont consolidé la crédibilité du pays dans les négociations avec ses partenaires mondiaux, influençant les accords commerciaux, les politiques d’investissement et la coopération régionale.
L’engagement du gouvernement en faveur de la participation publique a également amélioré ses relations avec les démocraties occidentales et les organisations internationales, renforçant la place de l’Ouzbékistan sur la scène diplomatique mondiale. Ces efforts ont attiré des investissements étrangers et consolidé le rôle du pays en tant que force stabilisatrice en Asie centrale.
Par ailleurs, l’implication des citoyens dans les débats sur la politique étrangère s’intensifie. Des forums publics et des institutions académiques facilitent désormais les discussions sur les relations internationales, les accords commerciaux et les questions de sécurité de l’Ouzbékistan. Ces échanges offrent des perspectives précieuses pour orienter la stratégie diplomatique du pays en alignement avec l’opinion publique.
Un avenir durable pour l’engagement civique
Les progrès de l’Ouzbékistan en matière d’institutionnalisation de la participation publique ont jeté les bases d’un modèle de gouvernance plus inclusif et transparent. Toutefois, le maintien de cette dynamique nécessite un affinement continu des mécanismes participatifs et un engagement constant en faveur des meilleures pratiques internationales.
Il sera essentiel d’assurer l’accessibilité et l’inclusivité des institutions, d’étendre les outils numériques de participation et de maintenir un dialogue ouvert entre l’État et les citoyens. En renforçant ces réformes, l’Ouzbékistan pourra se positionner comme un leader régional en matière de gouvernance participative et servir de modèle à d’autres nations souhaitant favoriser l’implication citoyenne dans l’élaboration des politiques publiques.
Par ailleurs, le renforcement du cadre juridique garantissant la participation civique sera fondamental. Les réformes législatives en cours visent à élargir les droits des OSC et des médias indépendants, leur permettant d’opérer sans restrictions excessives. De plus, une décentralisation accrue des processus décisionnels contribuera à responsabiliser les communautés locales et à encourager la participation aux niveaux les plus proches des citoyens.
À mesure que l’Ouzbékistan poursuit cette transformation, l’implication active des citoyens dans la prise de décision sera déterminante pour bâtir un système de gouvernance efficace, démocratique et fondé sur la confiance publique. Avec un engagement soutenu envers la transparence, la responsabilité et la participation citoyenne, le pays a le potentiel d’émerger comme un exemple phare d’évolution démocratique dans la région.
source The Rise of Public Participation in the Governance of Uzbekistan – https://eureflect.com
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