C’est une déclaration dont Donald Trump a le secret, mi-moqueuse, mi-menaçante, lancée depuis son club de Bedminster avec ce ton goguenard qui fait frémir les plateaux télé : « Ridicule. » Voilà comment l’ancien président a qualifié la récente initiative d’Elon Musk, fondateur de Tesla, de SpaceX, et désormais… chef de parti. Car oui, l’entrepreneur visionnaire — ou imprévisible, selon les sensibilités — a annoncé la création de sa propre formation politique : le “America Party”.
Une manœuvre qui, à première vue, surprend. Surtout venant d’un homme qui a pourtant contribué à hauteur de plus de 270 millions de dollars à la campagne présidentielle du camp républicain. Musk, longtemps décrit comme libertarien techno-optimiste, avait jusqu’ici préféré influer dans l’ombre, par des tweets cryptiques et des chéquiers bien garnis. Mais le voici désormais sur le devant de la scène politique, promettant un programme “post-partisan”, piloté par les données, et focalisé sur un seul objectif : la réduction radicale des dépenses fédérales, via une politique budgétaire baptisée DOGE — un clin d’œil assumé à sa cryptomonnaie fétiche et à une logique algorithmique de gestion.
Le problème ? Personne n’en veut. Du moins, pas dans les rangs qui comptent. Les investisseurs et actionnaires de Tesla — déjà fébriles face aux sorties erratiques de leur PDG — refusent massivement de soutenir ce projet, craignant une dérive mégalomane et une nouvelle distraction nuisible à leurs intérêts. Les analystes financiers redoutent également un brouillage entre stratégie d’entreprise et croisade idéologique. Car si Musk se rêve en prophète politique du XXIe siècle, beaucoup aimeraient simplement qu’il reste ingénieur.
Mais Elon Musk est-il vraiment populaire ? C’est la vraie question, derrière le bruit. Certes, il fascine, il clive, il provoque. Il peut remplir une salle, faire trembler une action ou changer le cours d’une campagne d’un simple post. Il incarne une vision techno-futuriste de l’Amérique, celle des fusées, de l’intelligence artificielle et des villes colonisées sur Mars. Mais derrière cette aura de demi-dieu numérique, sa popularité réelle reste fragile. Sur le terrain politique, les électeurs le trouvent opaque, instable, souvent hors-sol. L’ultra-droite l’écoute sans forcément le suivre, la gauche l’attaque, et le centre l’observe avec méfiance.
En lançant le “America Party”, Musk tente de s’instituer lui-même en force alternative, entre populisme trumpien et élitisme algorithmique. Mais pour l’instant, il semble surtout naviguer seul, dans une orbite qu’il a lui-même dessinée. Car en politique comme dans l’espace, l’excentricité ne suffit pas à garantir un atterrissage.
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